[E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre (terminé)

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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 03 Août 2012, 12:26

Je ne prête pas attention à la foule tandis que nous avançons tous deux. Je connais si bien les rues de Rome que mes pas me guident tout naturellement vers la villa. Il nous reste encore pas mal de chemin à parcourir et mon esprit tourne à plein régime afin de déterminer ce que je vais bien pouvoir faire de mon protégé. Lui trouver une chambre ne sera pas difficile, il en reste deux d'inoccupées. Forcément Guilia elle va être ravie de ma trouvaille puisque c'est en grande partie à cause d'elle (grâce?) que je ramène l'androïde chez nous. Ma démarche est plutôt rapide, je n'aime pas bien m'attarder parmi la foule. Je ne m'y sens pas à l'aise. Tacitus me suit facilement néanmoins et alors que j'ai déjà oublié avoir posé la question perdue dans le méandre de ma petite organisation de pensées, il aborde le sujet de la musique. Il prétend l'aimer, ma méfiance naturelle me dit que les androïdes sont probablement programmés pour dire à leur maître ce qu'ils veulent entendre. Néanmoins le choix des mots me frappe. Je souris légèrement quelques pas devant lui comme le veut la bienséance.

« Vous verrez que la musique tient une part importante de mon existence. Je passe de nombreuses heures chaque jour à jouer, chanter voir les deux de concert. J'espère que vous apprécierez sinon j'ai bien peur qu'il vous faille faire avec. 

J'avoue que je serais un peu contrariée s'il s'avérait qu'il ne partage pas un minimum mon inclination pour la musique. Après tout cela ne serait pas dramatique. J'imagine que les êtres créés ainsi ne le sont pas pour apprécier les beautés de la vie, l'art, le plaisir, la gastronomie. Il faudra bien s'en passer. Après tout il me faut assumer mon choix lui n'a rien demandé.

Sa réaction soudain me surprend. Je le vois presque se prosterner devant moi comme je le ferai devant l'incarnation de ma Déesse. Il me faut du temps pour réaliser et sortir de ma stupeur. Aussitôt je m'empourpre et regarde d'instinct autour de nous avant de m'adresser à lui un peu mal à l'aise.


- Relevez-vous s'il vous plaît. Je ne doute pas de votre loyauté ni de votre dévotion. Et puis vous pouvez me les témoigner sans vous sentir obligé de vous agenouiller devant moi. Je ne suis pas d'engeance divine vous savez.

Je souris timidement attendant qu'il se redresse. Pareil zèle devrait me paraître touchant ou même normal sauf que je ne me crois pas supérieure à tous ceux que je croise. Vénus nous enseigne l'amour et on n'aime pas les autres quand on adore que son propre reflet. Je le regarde intriguée par sa dernière remarque. Je risque décidément d'avoir du mal avec ce genre de formules néanmoins il me faudra m'y habituer ou bien lui enseigner à faire différemment. Nous verrons bien comment les choses se passeront. Je réponds à son sourire en lui en adressant un autre.

- Vous verrez que mes souhaits sont plutôt simples. Pouvoir m'adonner librement à ma musique, faire passer une émotion à ceux devant qui je joue, servir Vénus et vivre sereinement auprès de ceux qui me sont chers. Je n'ai pas de désirs de grandeur pour moi-même. La vie que je mène me convient plutôt bien ou presque.

J'allais ajouter quelque chose sauf qu'il est trop tôt pour me dévoiler encore même devant un être qui sans doute ne me trahira jamais. Reprenant le chemin vers la villa je songe qu'il serait de bon ton de lui parler un peu de ce qui l'attend.

- Je vis seule avec ma servante. Elle se prénomme Giulia. Deux autres femmes viennent travailler la journée. Je pense que vos tâches consisteront surtout à aider à l'entretien du jardin ou aux labeurs qui demandent plus de force physique mais vous verrez cela n'aura rien d’éreintant. Et puis vous m'accompagnerez lors de mes sorties en ville régulièrement ou quand je donne des concerts. Enfin nous aviserons. J'avoue que je n'avais pas prémédité votre acquisition. »
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 04 Août 2012, 12:22

"Je déchargerai de mon mieux les femmes des tâches trop éprouvantes pour elles. Ne craignez jamais de me les confier, je suis tout à fait capable de les endurer, Domina. Et ne me tenez pas rigueur de mon attitude, s'il-vous-plaît : nous sommes en public, je ne voudrais pas que quelqu'un puisse croire que vous avez acheté un androïde défectueux ou de mauvaise facture. Les rumeurs vont bon train, à Rome, je ne veux pas vous nuire, de quelque manière que ce soit."

Elle m'a acheté. Pourquoi est-ce que je ne suis pas entièrement révolté de le savoir, de le penser et de le dire ? Elle m'a acheté. Quand ces mots résonnent dans mon esprit, ça me fait le même effet que si on m'annonçait que le ciel est bleu, ou les murs de pierre. Oui, et après ?
C'est un fait. Une vérité indéniable. Mon sort aurait pu être mille fois pire, c'est peut-être ce qui m'empêche de me lamenter sur un sort qui, pour l'heure n'a pas l'air détestable, loin de là.

Nous avançons toujours, je fais mon possible pour repérer les rues. Certaines sont connues, je les fréquentais avec mon Créateur. Mais bientôt, les nouvelles se multiplient. Celles que mon pas emprunte pour la première fois. Les chemins de ma nouvelle vie.


"Je vous escorterai, toujours, aussi."

Peu importe si elle ne me voulait pas. Peu importe, je saurai me rendre utile, par tous les moyens. Elle ne regrettera jamais de m'avoir avec elle.

"Et si cela peut vous plaire, j'écouterai votre musique. C'est, en réalité, plus une faveur que je vous demande. J'espère que vous ne me punirez pas pour oser le faire, Domina. J'ai très envie de vous entendre chanter."

Quel effronté je fais ! Je me mords soudain les lèvres, avant d'aller vraiment trop loin, et de dire des choses quelle ne pardonnera pas. Après tout, si elle ne me voulait pas, elle peut se lasser de moi aussi vite. Il est hors de question que ça se produise.

Ah, Tacitus, ta loyauté est donc si facile à acheter ?


Oui. Pour elle, oui.
Dernière édition par Tacitus Alestra le 24 Août 2012, 14:22, édité 1 fois.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 05 Août 2012, 13:53

Je suis assez surprise par sa présence d'esprit. C'est étrange mais je me rends compte que j'ignore tout des androïdes. La vérité c'est que j'ai fuit la majorité d'entre eux à cause de... L'image de la femme brune me revient et je secoue la tête, refoulant par instinct ce souvenir. Le doute me gagne alors, la crainte aussi, une peur irraisonnée. Je regarde Tacitus comme si j'essayais d'estimer dans quelle mesure il pourrait me faire du mal, à quel point il pourrait être dangereux sous ses traits innocents. Je pousse un léger soupir, essayant de me calmer toute seule. Le masque de quiétude revient.

« Vous faites bien oui. Il est vrai que même si sous mon toit nous pourrons être plus naturels et moins cérémonieux ma condition me contraint à préserver une certaine image devant les autres. Croyez bien que c'est un phénomène que je déplore même si j'ai grandi dans cet univers de protocoles. 

Je lui souris un peu, je suis de nouveau presque détendue bien qu'impatiente de retrouver la villa. Il me parle à nouveau de musique. Je fronce légèrement les sourcils alors qu'il se trouve dans mon dos. Non pas que son audace me déplaît, ce sont plus ses tournures qui me paraissent curieuses.

- Vous punir ? Non voyons ce n'est pas du tout dans mes habitudes ou même dans ma nature. Si vous faites un jour quelque chose qui me contrarie je vous le dirais tout simplement. Et le seul risque que vous courrez à mal agir c'est uniquement que je trouve un maître à qui vous conviendrez mieux. Pour l'instant je ne vois pas pourquoi ce serait le cas. Je suis certaine que si nous y mettons tous deux du nôtre nous parviendrons à vivre en harmonie. 

Je me mords la lèvre en me rendant compte à quel point mon attitude est à l'encontre de ce qu'elle devrait être. Je serais en droit d'imposer, d'ordonner. Mais à quoi bon essayer d'être ce que je ne suis pas ? Je passe déjà mon temps lorsque je suis avec d'autres à cacher ma vraie nature. Je n'ai pas envie à force de masques et de mensonges d'oublier celle que je suis secrètement.

- Vous aurez de nombreuses occasions de m'écouter de toute façon. Il faudra me faire la liste de ce dont vous aurez besoin pour vivre. Et même si devant des étrangers vous respecterez le protocole habituel j'aimerais que lorsque nous sommes seuls vous vous comportiez sans trop de cérémonie. Vous pourrez par exemple vous passer du titre de Domina, je préférerais que vous utilisiez mon prénom. Il va de soi que tout ce que je pourrais vous confier, tout ce que vous pourrez entendre dire ou voir devra être gardé pour vous même si un jour vous changiez de propriétaire. J'ai besoin de savoir que je peux avoir pleine et entière confiance en vous. 

Au détour d'une autre rue nous voilà enfin arrivé devant ma demeure. La bâtisse ne semble pas différente des autres vu de l'extérieur. De longs voilages turquoises volent doucement à travers la fenêtre au gré des humeurs de la brise. Le devant de la villa est bien fleuri et entretenu avec soin.

- Nous y sommes. 

Je pousse la lourde porte et pénètre à l'intérieur d'un étroit couloir après avoir ôté mes sandales que je tiens à la main. Je me dirige vers le grand salon en m'assurant que l'androïde me suit toujours. La pièce est baignée de lumière et sobrement décorée. Les murs et le sol sont blancs. Seuls les voilages aux fenêtres et quelques tableaux, amphores et poteries égaient l'endroit de touches colorées. Aucun bruit, je devine que Giulia est sortie.

- Je pense que je devrais vous faire faire le tour de la villa à moins que vous n'ayez des questions ou autres envies ? »
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 07 Août 2012, 09:50

"Vous pourrez toujours me faire reconditionner avant de me revendre, si je ne vous conviens pas."

Voilà, au moins, elle peut constater que je suis honnête. Un bon androïde aurait montré la même franchise, ça fait partie de leur programme, mais je ne me sens pas obligé. Elle se rendra compte en temps voulu de la différence que ça fait. Elle en tirera ses conclusions.

Bravo, Taci. Même pas une heure et tu veux déjà rompre ta promesse.

Découvrant la demeure dont je vais m'occuper, mes yeux admirent les touches toutes féminines de la décoration avant de revenir à ma maîtresse à présent pieds nus, ses sandales à la main. Un instant, je ne peux m'empêcher d'admirer le galbe gracieux de ses jambes, avant de me reprendre subitement, frappé par l'incongruité de la chose. Dissimulant tant bien que mal ma gêne, je hoche doucement la tête.

"Juste quelques-une, Domi... Cassiopea. Devrai-je suivre également les ordres des autres personnes de la maison, ou seulement les vôtres ? Et ..."

Cette fois, je me mords les lèvres. Je me tortille presque sur place.

"N'y a-t-il vraiment que des femmes, ici ?"

C'est une question rhétorique. Je connais parfaitement la réponse. Mais je veux lui faire pointer du doigt le fait. Une femme riche, seule, avec des serviteurs, qui achète un androïde. Mâle. Les romains vont parler.
Qu'on ne me prête guère plus que le talent nécessaire pour être esclave sexuel, au fond, ne m'ennuie pas. Mais je détesterais qu'elle soit victime de commentaires désobligeants.


"Si on ose vous faire la moindre remarque, je vous promets de les faire taire. Je ne suis pas violent, mais je ne permettrai jamais qu'on vous salisse."

Je me fais l'impression d'un enfant. Le rouge me monte aux joues, je serre vainement les poings. Détournant encore une fois le regard, je tends un bras légèrement tremblant vers la cour intérieure.

"Si vous préférez, je peux attendre que Giulia revienne pour la visite. Ou voir par moi-même. Vous n'avez pas à vous en charger."
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 07 Août 2012, 12:32

Je range mes sandales dans le petit meuble à chaussures puis me redresse pour le regarder tandis qu'il m'interroge. Emys ayant entendu ma voix s'est levée de sur son coussin et s'étire en baillant avant de venir vers moi. Elle se frotte à mes jambes en ronronnant, posant parfois un regard intrigué vers le nouveau venu. Je me penche et la prend dans me bras. Tandis qu'elle se blottit tout contre moi je commence à lui grattouiller la tête.

« Je vous présente Emys, elle est très douce mais un peu caractérielle parfois surtout quand on la déloge de l'endroit où elle a choisi de dormir. Pour répondre à votre question il est fort probable que Giulia vous confie certaines tâches dans la maison. Elle s'occupe de presque tout ici. Personne d'autre n'aura à vous demander quoi que ce soit. Si les servantes vous sollicitent pour un coup de main évidemment il n'y aura pas lieu de refuser.

Je poursuis mes caresses, me tenant non loin de l'androïde qui soudain semble un peu gêné.

- Nous ne sommes que trois, vous compris, à vivre sous ce toit et en effet les personnes qui travaillent pour moi sont des femmes si on met de côté les livreurs ou ouvriers qui viennent parfois. Cela vous met mal à l'aise ?

Outre l'étonnement que cela m'inspire je ne comprends pas bien ce qui l'ennuie dans cette idée avant qu'il ne précise sa pensée. Sa remarque me désarçonne. Je penche légèrement la tête sans le quitter des yeux. J'interromps le mouvement de ma main qui parcourait avec douceur le pelage de ma féline compagne qui proteste d'un léger miaulement m'incitant à recommencer à m'occuper d'elle.

- Soyez rassuré sur ce point je me moque de ce que les gens disent de moi. Bien sûr je préfère autant que possible ne pas faire parler de moi mais je sais depuis longtemps que la jalousie rendent les langues aussi acides que le cœur de certains. Vous n'aurez pas à vous battre ou à me défendre d'autant qu'aux yeux de la plupart des gens que vous croiserez vous constaterez que ce n'est pas votre place. Cela ne contribuerait d'ailleurs qu'à alimenter leur verve.

Je lui souris sincèrement avant d'ajouter :

- Mais votre loyauté me touche surtout après si peu de temps.

J'approche de la banquette pour y redéposer la chatte. Elle me regarde un moment regrettant sans doute que je ne continue pas plus longuement de la choyer. Voyant que je m'éloigne déjà elle s'assied.

- Cela ne m'ennuie pas de vous faire la visite moi-même vous savez. Et puis cela nous offre l'occasion de nous apprivoiser un peu. Je pense que Giulia ne sera pas de retour avant une heure.

Sans lui laisser le choix, je retourne vers le vestibule. Emys saute sur le sol et décide de m’emboîter le pas. Un peu plus loin le couloir ouvre par le biais de multiples arches ornés de piliers corinthiens sur le jardin intérieur et son point d'eau avec en face le temple dédié à Vénus. Mais je finirai la visite par là. La pièce suivante est une vaste salle à manger richement ornée puisque c'est elle aussi une salle d'apparat. De nombreuses banquettes s'y trouvent côte à cote, des tables en bois précieusement ouvragés, des mosaïques au mur représentant des paysages et le temple de Vénus.

- Elle ne sert que lorsque j'organise des dîners ce qui n'arrive pas si souvent.

Je lui laisse le temps de faire le tour, de regarder avant de passer à la cuisine juste à côté et son grand fourneau, les marmites et ustensiles accrochés à droite, le vaisselier, le garde manger.

- C'est Giulia qui se charge de préparer les repas. Elle aime beaucoup cuisiner et je prends plaisir à l'aider régulièrement."
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 10 Août 2012, 09:23

Je hoche la tête, rendu à ses arguments que je ne peux pas, de toutes manières, contester. Prudent, j'observe la féline. Je ne suis pas habitué aux animaux. Certains disent qu'ils sentent et n'aiment pas ceux comme moi, artificiels. Je voudrais éviter de le vérifier à peine arrivé. Heureusement, la dénommée Emys ne semble pas s'intéresser le moins du monde à moi, me préférant les attentions de sa maîtresse. Difficile de retenir un sourire attendri face à ce spectacle.

"Je vous suis."

La visite commence en grandes pompes. La salle de réception est à la hauteur de ce que j'ai pu voir dans les plus grandes maisons de Rome. Si je n'avais pas été relégué aux tâches honteuses e't ingrates, j'aurais probablement déjà eu l'occasion de croiser Cassiopea en soirée. Ou si ce crétin n'avait pas dilapidé la fortune durement gagnée ...

Ne t'énerve pas, elle ne va pas comprendre ...

"J'ai déjà servi dans des dîners mondains. Si cela peut vous être utile."

Souriant doucement, j'admire les fourneaux, les ustensiles. De quoi, en effet, préparer des festins.

"J'espère qu'elle voudra bien me laisser goûter parfois ... j'aime beaucoup les bons plats."

Habituellement, je mange des restes, comme tous les androïdes. Encore une chose que j'aurais dû garder pour moi.

Tu devrais lui prouver que tu es loyal, avant de te mettre en difficultés comme ça ...

"Enfin, pas que je veuille dire que ... Je vous écouterai. Je ferai ce que vous voudrez."

Je lui avais trouvé une aura particulière. Une force tranquille. Pure. Une lumière qui, je m'en rends compte, pourrait me brûler. Elle est de celles qu'on n'approche pas de trop près. De celles qu'on ne mérite jamais. Pourquoi n'ai-je pas peur de ce qui pourrait bien signifier ma perte ? Pourquoi ai-je autant envie de lui faire confiance ?

"Vous me donnez toutes les raisons de vouloir vous servir de mon mieux. Alors, je le ferai."

Parfois, ce n'est pas plus compliqué que ça.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 11 Août 2012, 18:47

Tout au long de notre conversation, je prends bonne note tant de ses réactions que de ses propos. Il m'intrigue de plus en plus et les questions défilent dans ma petite tête. Est-il vraiment capable d'apprécier les choses comme la musique ou les aliments. Est-ce un programme qui lui insuffle cette étonnante humanité ? Je suis perplexe, partagée entre mon esprit cartésien et ce que j'aimerais être la vérité. La solution pour obtenir les les réponses qui me manquent serait de l'interroger. Je compte bien le faire quand nous en aurons terminé avec la visite. Je préfère que nous nous posions quelque part pour aborder les sujets qui m’intéressent vraiment.

Je poursuis donc le tour de la villa par le petit salon qui est en fait ma pièce. On vient rarement m'y déranger et c'est là que je passe beaucoup de temps à jouer ma musique sauf quand je répète la partie chant dehors. La pièce est baignée de lumière. Là encore les meubles sont aux tons clairs et la décoration apporte quelques touches de gaieté. Ma harpe trône au milieu de la pièce et juste en face du siège où je prends place un grand portrait de ma mère est accroché au mur. On dit souvent que je lui ressemble beaucoup. J'ai du longuement supplier mon père pour avoir le droit d'emporter ce tableau. Puis il a fallu attendre qu'il en fasse faire une copie par un artiste de renom. J'ai l'impression de jouer pour elle parfois. Je n'en garde que peu de souvenirs mais tous sont heureux. Je me rappelle surtout de sa douceur et sa voix. A l'opposé se trouve quelques ouvrages et de nombreuses partitions. Grâce à ma mémoire il me suffit de les regarder une seule fois pour les graver. Je ne m'en sers donc pas pour jouer les conservant néanmoins. Une confortable causeuse se trouve non loin. Parfois Giulia s'y installe pour m'écouter, d'autres je m'y détends ou y lis un peu.


« Vous l'aurez deviné cette pièce m'est dédiée. A part le cercle très restreint de mes proches personne n'entre ici. Vous y aurez accès pourvu que vous ne troubliez pas ma concentration. Si vous m'apportez quelque chose vous entrez en silence, le déposez sur la petite table ici puis ressortez sauf si vous voulez m'écouter. Vous ne pourrez me parler quand je joue uniquement si je reçois de la visite ou qu'il se passe quelque chose d'important. »

Je lui souris, m'exprimant d'un ton paisible qui n'a rien d'autoritaire. La musique est simplement primordiale pour moi et quand je m'y adonne je le fais entièrement c'est pourquoi je n'aime pas que l'on me tire de ce monde qui n'appartient qu'à moi et que je dessine de mes notes. Une fois le tour de la pièce terminé je tourne au coin de la bâtisse et fais quelques pas pour atteindre la porte qui donne sur une grande chambre. Le lit est immense lui aussi et paré de nombreux coussins. La pièce embaume mon parfum. Elle est plus sobrement décorée. Je me contente de rester à l'entrée sans lui permettre cette fois de visiter vraiment ce lieu hautement intime.

« Ma chambre, vous pourrez prendre une des deux suivantes celle qui vous conviendra le mieux. La dernière, toute proche de l'entrée et donc face au grand salon est occupée par Giulia. 

Dans la première salle libre les nuances de lin et de brun dominent. La seconde est décorée de couleurs pastels. Les deux sont agencées de façon similaire et font à peu près la même taille. On y trouve un lit douillet face à la porte, à droite une table et un fauteuil, à gauche une armoire.


-Je vous laisse choisir, s'il vous manque quelque chose ou que vous voulez changer l'agencement cela ne m'ennuie pas. Vous optez pour laquelle ?"
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 14 Août 2012, 19:07

A peine un coup d'oeil autorisé dans le saint des Saints. A peine une odeur, son odeur, qui affleure aux narines, provoquant un sourire. La maison a son âme ancrée dans ses murs. Il en allait de même pour mon créateur, quelque part, je trouve ça extrêmement rassurant. Même absente, sa présence doit hanter chaque pièce. Peut-être même que sa voix résonne dans cette salle de musique où je suis impatient de l'entendre. L'image des cordes de harpe qui vibrent sous ses doigts et qui rythment un chant divin s'est imposée à mon esprit sitôt que mes yeux ont parcouru la pièce.

De la chambre, je ne retiendrai pas grand-chose. Le coup d'oeil est rapide, succinct, et je ne cherche pas à voir plus que nécessaire. Il s'agit de l'endroit le plus intime de sa vie, je ne suis qu'un androïde guère destiné à tout connaître de ce qu'elle est. Il ne me faut pas longtemps, non plus, pour choisir quelle chambre sera la mienne.


"Je vous remercie de me laisser le choix. La première ira très bien."

D'autres questions me viennent. Des dizaines, des centaines. Importantes, futiles, elles se disputent mon attention consciente et n'acceptent pas d'être reléguées au second plan. Il me faut pourtant les trier, certaines ne doivent pas être posées, d'autre n'ont pas d'intérêt. Pour l'heure, je tâche de me contraindre au pratique, à l'indispensable. Montrer à quel point je serai utile et je la servirai bien. Qu'elle ne veuille pas se défaire de moi.

"A quelle heure faudra-t-il que je sois prêt, le matin ? Souhaitez-vous que je reste toujours à la maison ?"

Un moyen déguisé d'en savoir plus sur ma liberté de mouvement. Je ne serai pas fâché de n'en avoir aucune et de devoir toujours rester avec elle, loin de là. Mais je ne tiens pas non plus à rester dans ses pattes, la gêner, et qu'elle finisse par me trouver inutile et empoté. La visite semble toucher à sa fin, et si je n'ai pas encore mes marques ici, ma volonté de m'y plaire est en tout cas bien présente. En secret, j'adresserai une prière de remerciements à sa déesse, ce soir.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 19 Août 2012, 14:13

J'attends qu'il fasse son choix de chambre et ne suis pas étonnée qu'il opte pour la première. Ainsi il dormira dans la pièce à côté de la mienne. Cela ne m'ennuie pas particulièrement. Je songe à toutes les questions d'intendance que sa présence va soulever. Giulia se chargera de cela elle le fait bien mieux que moi. A part de rares exceptions je la laisse gérer, je ne suis pas une grande adepte de ces choses terre à terre bien que l'on m'ait appris à être une bonne maîtresse de maison. Je m'appuie sur ma dame de compagnie. Elle me tient informée de tout et sait que je préfère me consacrer à la musique, aux promenades ou à la lecture plutôt qu'à la gestion de la villa.

« Entendu, j'en aviserai Giulia. Elle verra avec vous ce dont vous aurez besoin.

Je lui souris de nouveau et me tourne vers les jardins, lui faisant signe de m'accompagner. J'écoute sa question et choisis d'attendre un peu pour y répondre. Le temps de m'installer sur un des bancs près du petit bassin, mon endroit préféré ici. Je ferme un peu les yeux, savourant la caresse des quelques rayons de soleil qui arrivent à percer les murs autour de nous pour baigner le jardin. Je les rouvre et tourne mon visage vers lui, lui indiquant qu'il peut s'asseoir s'il le souhaite.

- Pour l'heure du lever, tout dépendra des tâches qui vous seront affectées. Je suis debout à l'aube en général, je me couche tard également je n'ai pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil. Vous constaterez vite que je ne suis pas adepte de l'ordre et de la rigueur. Je préfère évoluer en liberté, tant que vous vous acquittez de votre travail peu m'importe à quelle heure vous avez commencé. Je pars me balader en fin de matinée, vous pourrez m'accompagner sauf les fois où je voudrais être seule.

Mon regard court le long du jardin, admirant les feuilles et les fleurs, les colonnes qui soutiennent le toit de la villa, le temple de Vénus. Le chant de quelque oiseau qui s'est niché non loin me parvient. Je prends une grande inspiration et soupire d'aise, détendue. Cela me paraît d'ailleurs si étrange de me sentir bien auprès de Tacitus, moi qui fuis généralement la présence des androïdes pour... je ne sais plus quelle raison. Je plonge dans son regard un instant, ses yeux si particuliers. Je souris légèrement et reporte mon attention sur le bassin.

- Vous ne serez pas cantonné à l'intérieur de la villa. Si vous avez envie ou besoin de vous balader cela ne vous est pas interdit tant que cela ne nuit pas à vos occupations ici bien sûr. Ce n'est nullement une prison.

Je tourne mon visage vers lui encore, l'observant sans un mot. J'ai toujours toutes ces questions en tête. J'ai beaucoup de mal à l'imaginer comme un objet, comme une chose qui m'appartient. Je le vois plus comme un serviteur, comme Giulia mais sans toute l'affection que je lui porte puisqu'elle me connaît depuis ma tendre enfance.

- Vous excuserez ma maladresse mais j'ai côtoyé très peu d'androïdes. Je me sens souvent mal à l'aise en leur présence. Ce n'est pas le cas avec vous. J'aimerais néanmoins apprendre un peu comment vous vivez puisque nous allons cohabiter. Vous voulez bien me parler un peu de vos habitudes passées et de ce que vous... aimez ?

Le choix du dernier mot a été un peu laborieux. J'ai l'intuition que ce n'est pas le meilleur terme pour parler d'un être qui n'est pas humain pourtant je peine vraiment à le voir comme un âtre dénué de vie et de sentiments. Sans doute parce que cela ferait naître un réel malaise chez moi si c'était le cas. Ce serait comme me mettre à parler avec une table.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 23 Août 2012, 22:38

Si je me sentais assez libre pour le faire, je me tortillerais volontiers. Sur un pied, puis sur l'autre, et les doigts tordus entre eux. Peut-être même que je rougirais, gêné. C'est que je ne suis pas bien bavard, et il faut choisir ses mots, toujours pour essayer de coller à l'image qu'on se fait des androïdes. Heureusement, j'ai assez appris pour pouvoir simplement rester droit, front légèrement baissé en signe d'humilité, et ne rien dévoiler de mon inconfort.
Ce que j'aime ? Le mot ne semblait pas lui plaire, il est de toute évidence choisi à défaut. Je la comprends, je ne peux lui en tenir rigueur : ceux comme moi ne sont pas censés éprouver d'autre sentiment que la dévotion, la loyauté ... Aimer quelque chose, quelqu'un ? Artifices.


En attendant, tu dois bien répondre ...

Répondre, et ne pas répondre tout à la fois. Exercice délicat, s'il en est. Peut-être que plus tard, je pourrai me permettre de parler plus franchement, et ma réponse serait toute autre. Mais il est inutile de la mettre dans une situation délicate, et mois avec.

"Lorsque je pouvais aider mon créateur, je me sentais valorisé. Il était content, grâce à moi, je lui étais utile."

Elle n'est pas mal à l'aise avec moi, l'idée me rassure, j'ignore pourquoi. Et nous allons cohabiter, au fond, elle veut ... Me connaître. Y a-t-il seulement quelque chose à connaître, en moi ?

"Je me levais avant l'aube, j'allais chercher l'eau et le lait. Je préparais ses habits, j'assistais à son repas, je notais les tâches de la journée. Je l'accompagnais, ou il me confiait des missions. Nous en discutions parfois. C'est une période qui me semblait bien correspondre à mes capacités. Son fils, ensuite, me faisait aider les servants. Je portais les charges lourdes, principalement. Je restais utile. Le fils de son fils n'avait plus de travail pour moi. Parfois, je nettoyais ce que les autres n'avaient pas envie de nettoyer."

Le moins de sentiments possibles dans mes mots. je relate, je compte. Aimer ? Il ne faut pas m'en croire capable. Mais j'ai sagement baissé le regard pour qu'elle ne puisse capter l'étincelle de révolte dans mon regard. Brève, mais qui a embrasé mon regard doré un instant. Le sujet est épineux, délicat. Presque ... sensible.

"Je vous remercie de vous intéresser assez à moi pour vouloir connaître mon passé. Vous n'êtes vraiment pas obligée de le faire. Je pense, si vous me permettez l'audace d'une opinion, que rien de ce qui s'est passé ne doit pouvoir influencer ce qui se dessine. Rien, en tout cas, ne remettra en cause ma loyauté. Elle vous est acquise et je serai tout à fait contenté de pouvoir rester avec vous."
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