[E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre (terminé)

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[E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre (terminé)

Messagepar Cassiopea le 30 Juillet 2012, 13:58

Les rayons du soleil baignent la pièce par la grande fenêtre à battants largement ouverte. Sur son coussin Emys, la chatte au pelage écailles de tortue se prélasse paisiblement à peine dérangée par ma voix et celle de ma servante. Nous sommes toutes deux en grande discussion pendant qu'elle achève de parfaire le drapé de ma stola aux broderies turquoises avant de me nouer une ceinture autour de la taille.

« Vous devriez écouter votre père Helva ! Pour une fois ses paroles sont sages.

Soupirant légèrement, je pose mon regard azur sur le visage de celle qui m'a élevé et qui m'est devenue une seconde mère à la mort de la mienne. Comment résister à Giulia quand je sais qu'elle ne pense qu'à mon bien être ?

- Je n'ai pas envie d'avoir un homme à la maison. Ne sommes nous pas bien toutes les deux ici ? Et puis il y a Demetra ainsi que Irene qui viennent aider au ménage, au jardin. Que ferait un homme que nous ne réussissions pas seules ?

- Ce serait sécurisant et puis pour les tâches plus difficiles il serait utile. Votre père propose même de vous en faire cadeau.

- Mon père propose bien des choses mais toutes ne sont pas judicieuses. Les choses se sont réglées, voilà des mois que Nicodemo a disparu et la paix est revenue dans cette maison. Je ne vois pas quel besoin nous aurions d'y faire entrer quelqu'un d'autre.

C'est au tour de la servante de soupirer devant mon caractère borné, elle qui me considère comme la fille qu'elle n'a jamais eu. Elle me sourit avec douceur.

- Faites-le pour moi Helva, pour que je me sente plus en sécurité, plus tranquille quand il m'arrive de vous laisser.

- Je ne suis plus une enfant Giulia. Et puis un androïde n'est pas un homme. Je ne veux pas d'une machine je préférerais quelqu'un qui vive et qui ressente.

La vieille romaine caresse tendrement ma joue avant de se diriger vers le fauteuil non loin en me faisant signe d'y prendre place. Attrapant la brosse elle entreprend de coiffer ma longue chevelure blonde, un peu songeuse.

- Vous savez ma précieuse, j'ai connu des androïdes qui avaient plus de cœur que certains hommes. Essayez toujours, et si vous n'êtes pas satisfaite vous pourrez vous en séparer. Allez au moins faire un tour au marché aux esclaves et voyez si l'un d'entre eux pourraient vous convenir. Si vous ne le faites pas pour vous, ni pour moi ou votre père, pensez au sort peu enviable qui attend certains androïdes entre de cruelles mains. »

Je me contente de hocher la tête très lentement. Je m'avoue vaincue, malgré tout intérieurement je ne consens qu'à me rendre sur place et regarder. Je ne compte pas repartir avec un androïde. Mon père en possédait beaucoup cependant j'ai du mal à être à l'aise avec certains d'entre eux. Je n'aime pas bien l'idée d'en avoir un chez moi. Une fois ma coiffure terminée et parée de quelques bijoux aux pierres turquoises, j'enfile mes sandales et dépose ma palla sur mes épaules. Enfin prête à sortir j'assure Giulia que je préfère partir seule en direction du marché.

J'aime me balader dans les rues de la cité, elles sont déjà très animées à cette heure matinale. Je suis les rues pavées pour me diriger vers la place du marché. J'adresse un sourire ou un signe de tête à certaines connaissances, à des marchands ou des passants qui m'auront reconnu. Je porte mon masque comme chaque jour, le paraître ici est très important. Je l'ai appris petite. Et pour échapper à ces contraintes, à ces gens hypocrites qui n'aiment souvent que leur petite personne, j'avance en musique. J'ai toujours une mélodie qui me trotte dans la tête, gaie ou triste, piano ou forte, la musique est une part importante de moi et de ma vie. J'admire les étales colorés, respire l'odeur des épices, insensible aux boniments de ceux que je croise. Enfin le stand de Spurius est en vue. Étrangement je ralentis un peu le pas, ressentant une sorte de malaise que je dissimule derrière d'autres faux semblants. Mon regard passe d'une silhouette à l'autre sans vraiment voir jusqu'à ce que ces yeux dorés me captivent par leur teinte si inhabituelle. Un peu surprise je m'arrête et détaille sans m'en apercevoir celui qui se tient à quelques pas de moi, cet androïde parmi les autres.
Dernière édition par Cassiopea le 07 Septembre 2012, 13:25, édité 1 fois.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 31 Juillet 2012, 15:22

L'instant d'avant, c'était la clameur, le bruit. Les odeurs, dérangeantes, des corps, des êtres et des choses entassées dans un endroit trop petit, et qui serait toujours trop petit, quoiqu'on fasse. C'était les compagnons d'infortune, les concurrents. C'était la honte, le silence. Les railleries. Les mots de Spurius qui résonnaient, encore et encore, sous mon crâne. "Toi, tu finiras esclave sexuel. Crois-moi, j'ai du nez, pour ces choses-là."
Le rire, gras, moqueur. Les autres qui gloussent. Je n'ai fait que descendre les échelons de la caste des androïdes, mais je ne voulais pas atteindre le dernier. Pas déjà. Qu'on me rejette parce que mes capacités ne sont pas les bonnes, je peux le comprendre. Mais pas qu'on me renie sans même avoir cherché à savoir ce que je vaux. Ce n'est pas logique. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas acceptable.

Je suffoquais, l'instant d'avant. Je dérivais, emporté par la noirceur d'un avenir aux résonances insupportables. Prêt à refuser le rôle qui m'est normalement dévolu. Prêt à briser une promesse maintenant centenaire. Prêt à prendre le risque de finir, reprogrammé, la mémoire amputée de tous mes souvenirs, le caractère tronqué de ce que j'aime le mieux.
Je me noyais, l'instant d'avant, dans une mer de possibles noirs, et qui m'attiraient pourtant.

Et puis ...

Et puis. L'instant d'après arrive.

Sous les traits d'une romaine gracile aux cheveux blonds soyeux et aux yeux bleus perçants. Au visage d'une finesse divine. Aux mouvements qui renferment toute l'harmonie du monde. Elle ne marche pas, elle danse au son inaudible de la musique des Dieux. Et elle est là. Elle me voit. Plus que me voir, elle me dévisage.
Sans m'en rendre compte, je reste, à la regarder, surpris qu'une beauté pareille vienne se perdre ici. Les dames de sa nature n'ont-elles pas pour habitude d'envoyer plutôt un serviteur ou un esclave faire le marché ? Ne devrait-elle pas être entourée de dix gardes prêts à perdre leur vie pour sauver son évidente vertu ?


Arrête de la dévisager, pauvre andouille !
Elle va te prendre pour un effronté ! Baisse les yeux, bon sang, baisse les yeux !




Reprenant soudain mes esprits, je détache - à regret, c'est évident - mon regard du ciel azuré pour le reposer, bien sagement sur le bout de mes pieds. Grande inspiration, mains croisées dans le dos. Pourvu qu'elle soit là pour prendre un androïde. Pourvu que mes manières de rustre ne l'aient pas choquée. Pourvu qu'elle ... Pourvu que ...

Fébrile, j'attends l'instant d'encore après. Celui où elle s'éloigne. Celui où elle s'approche. Celui où elle se dirige vers un autre. Celui où elle tourne les talons. Celui où ...
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 31 Juillet 2012, 18:26

De nombreuses pensées me passent par la tête, tout autant de questions. On dit que le regard est le miroir de l'âme, qu'au cœur des prunelles on peut lire une émotion. Les androïdes que j'ai croisé avaient toujours un regard éteint, inexpressif. Mais celui-ci... Peut-être que je me trompe, peut-être que c'est un humain mais il est bien parmi les autres et je doute que Spurius se soit permis une erreur si grossière. Ce qui est certain c'est que d'apparence il a cette quasi perfection que possèdent les androïdes. Malgré tout il y a ce petit plus inexplicable. Je ne parviens pas à mettre le doigt dessus. Je rosis légèrement en remarquant qu'il a noté mon intérêt et me reprend.

Bien vite le propriétaire des lieux vient me saluer, me servant son couplet sur la qualité incomparable de sa marchandise, sur les réglages sur mesure qui peuvent être faits. Il m'étouffe de détails et de ce sourire commercial qui m'insupporte. Je reste polie, souriant un peu même si je n'ai qu'un envie : qu'il me lâche les sandales. J'utilise la phrase imparable :


« Je ne fais que regarder, merci. »

Bien sûr j'aurais pu poser des questions sur celui que j'ai remarqué sauf que je n'aurais eu droit qu'au baratin habituel pour me forcer la main. Je n'aurais rien appris de ce qui m’intéresse réellement. Pour donner le change, j'avance un peu en faisant mine de m'intéresser vraiment aux esclaves qui m'entourent. Mon regard revient sans cesse sur le seul qui a éveillé ma curiosité. Soyons clair je n'ai aucune envie de repartir avec un androïde mais... Non pas de mais ! Mais est le début d'un changement de décision. Bon, je dois pouvoir discuter avec lui, en apprendre d'avantage sans pour autant qu'on m'oblige à l'acheter. Je jette un œil vers le marchand. Il est occupé avec un couple de romains. Je doute de trouver meilleur moment. Je me faufile discrètement vers celui au regard particulier, me surprenant à chercher à le croiser. Puis je me place presque devant lui et là je ne sais plus bien quoi dire. C'est vrai ça, comment on engage la discussion avec un homme qui va être vendu pour satisfaire les moindres attentes d'un parfait inconnu ? Ridicule Helva, tu parles comme s'il s'agissait d'un humain ! Oui mais son regard, je ne l'ai pas rêvé. Il me suffit de plonger un trop bref instant dans ses prunelles dorées pour en avoir la certitude. De ma voix douce et mélodieuse je me risque à lui parler.

« Bonjour. »

Plutôt simple comme accroche, il faut bien commencer quelque part.

- Est-ce qu'il serait malvenu de vous demander quel genre d'androïde vous êtes ?

La question sonne maladroite et misérable. Je ne vois pas comment la formuler différemment ni quoi demander. Suis-je censée l'interroger au sujet de son programme, de son curriculum vitae ? Je n'ai décidément pas l'habitude de ce genre d'exercices. On m'a enseigné comment briller en société, comment éviter les questions indiscrètes et les pièges de ceux qui me voudraient du mal. En fait j'ai beaucoup appris seule, en observant les autres, en écoutant enfant sous les tables ce que disaient les invités de mon père. Par contre déterminer si un androïde est suffisamment digne d'intérêt... Et je ne sais même pas à quoi cela est censé me servir. Juste, ce regard.

J'ignore pourquoi ni comment mais soudain une image d'une femme aux longs cheveux bruns me revient. J'éprouve un sentiment d'inquiétude et mon cœur s'emballe un peu. Le malaise est heureusement vite passé et je reviens à cet esclave inconnu.


- Pardonnez-moi, la chaleur sans doute. »
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 01 Août 2012, 17:48

Par tous les dieux, même sa voix est merveilleuse ...


Je n'ose lever les yeux. Peur de voir, sans doute, que ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Une seconde de silence. Une autre seconde. Encore une troisième. A la quatrième, je serai un goujat. Je ne veux pas être un goujat, ils ne sont jamais choisis, et si j'ai une chance, une seule petite chance, une toute petite chance de partir d'ici ...
Je coule un regard vers elle, c'est confirmé : elle me regarde. Elle m'interroge. Je dois répondre, je ne peux pas rester là, bras croisés dans le dos et bouche entrouverte. Je suis un androïde. Il faut que je carre mes épaules, que je me tienne droit, que je sois impassible.


"J'ai peur de ne pas tout à fait comprendre votre question, Domina."


Autant pour ton intelligence, hein ?


Je me mords l'intérieur des joues, honteux. Cette petite pique au creux du coeur, trop désagréable ... Soudain, elle flanche, à peine. L'affolement se lit sur mes traits, je perds mes yeux autour de moi, personne ne semble s'en inquiéter. Surtout pas Spurius, trop occupé à vanter les mérites d'une brune charnue à un étrange couple. Je me penche vers elle, mon bras se tend et s'arrête à un millimètre de sa peau. Je n'ai pas le droit de la toucher.

"Vous allez bien, Domina ? Vous voulez que j'aille chercher une chaise ?"

Mes doigts se replient, surtout, ne pas la toucher. Mais là voilà de nouveau, droite, belle et fière, comme si rien n'avait eu lieu. Elle me regarde, encore, et j'ai à nouveau toutes les peines du monde à ne pas me décomposer sur place. Elle attend toujours sa réponse, je ne sais toujours pas quoi dire.


Vends-toi. Mieux que ça. Il faut qu'elle te prenne.


"Je peux accomplir tous types de travaux, si c'est là votre question."

Inutile de parler de caractère : nous avons tous le même. Un soupir de regret naît au creux de ma poitrine. Impitoyablement, je l'étouffe. J'ai promis.

"Je peux soigner."


Ah oui. Voilà. Mieux, bien mieux. Utile. Bien joué, Taci', bien joué.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 01 Août 2012, 19:12

Il me faut tout de même quelques minutes pour avoir deux pensées cohérentes et me sortir de la tête cette étrange femme brune surgit de je ne sais quel lointain souvenir. Je me surprends à adresser un sourire sincère à l'androïde qui semble s’inquiéter pour moi. Je regarde autour de nous, espérant que ma faiblesse soit passée inaperçue. Visiblement c'est bien le cas et je m'en trouve rassurée. Je peux alors reporter toute mon attention sur mon interlocuteur.

« Oui tout va bien, je vous remercie de votre sollicitude.

Je ne sais que songer en fait. Voilà justement tout ce que je trouve frustrant chez les androïdes. Ils sont programmés pour agir, ils n'ont pas de spontanéité et leurs gestes sont dictés par une puce et non un sentiment ou une envie. Cela me met un peu mal à l'aise, peut-être parce qu'il y a déjà trop de faux semblants autour de moi, de gestes intéresses ou dictés par des codes ancestraux. J'éprouve une légère déception soudain, me demandant ce que je suis venue faire là, ce que je pensais trouver. Quelle nécessité à acquérir quelqu'un qui vivra sous mon toit et auprès de qui je ne pourrais pas être naturelle ? Non c'était décidément stupide. Je relève le nez sortant un peu de mes pensées aux mots de cet être d'apparence si humaine. Mon regard croise à nouveau le sien l'espace d'un bref instant. Pourquoi me captive t'il tant ? Est-ce un phénomène lié à sa conception ? Comme pour en avoir le cœur net, je cherche à sonder d'autres prunelles androïdes, mais rien. La couleur peut-être ? Non j'en doute fort. Tout être non naturel qu'il soit je ne peux me montrer impolie avec lui, surtout je n'en ai pas envie.

- Soigner ? Vous voulez dire que vous avez des aptitudes en médecine ou ce genre de choses ?

Peut-être qu'il serait bon d'avoir quelqu'un capable de prendre soin de Giulia, après tout elle se fait vieille et souffre de plus en plus souvent de rhumatismes ou autres symptômes dus à l'âge. Et puis elle sera satisfaite d'avoir cette présence à la villa puisque c'est pour elle que je suis ici. Ne serais-je pas en train de me chercher des excuses ? N'est-ce pas ma seule envie qui dicte ces arguments ? Faire une telle acquisition doit se réfléchir, il ne s'agit pas d'une amphore. Si jamais il ne me convient pas ou plus je ne pourrais pas le cacher dans un placard ou en faire cadeau.

- Je crois savoir que les androïdes sont généralement créés pour un type de tâches particulier. C'est en fait l'objet de ma question. Quelles sont les vôtres?

En réalité ce n'était pas tout à fait l'orientation exacte de ma question. Étrangement j'ai peur d'être ridicule en lui demandant ce qu'il aspire à être. Malgré tout c'est bien ainsi que je voudrais formuler mon interrogation. Pour le faire réagir peut-être, pour me conforter dans mon erreur ou au contraire réaliser que je m'accroche à une chimère, à une lueur dans le regard qui n'est pas le reflet de quelque chose apparenté à une âme humaine mais juste un artifice de plus dans ce monde qui en est truffé. N'est-il pas triste que moi qui fuit parfois les êtres pour ne leur laisser toucher que la surface de ce que je suis, par peur, une des rares personnes que j'ai envie de découvrir ne soit pas même humaine ?

- Vous êtes ici depuis longtemps ? J'imagine qu'il doit être déplaisant d'être exposé ainsi au regard de tous en attendant que quelqu'un paie pour vous posséder.

Cette fois je ne frôle pas le grotesque, je le suis amplement. Je m'adresse à lui comme s'il était humain. Heureusement qu'il ne peut pas me rire au nez. Si le marchand ou un passant m'entend il va me prendre pour folle c'est certain. Il va me falloir me mettre dans la tête qu'il est bien androïde et non... Quoi au juste ? Je ne le sais même pas moi-même. Comme pour faire oublier ma remarque stupide je poursuis avec d'autres questions. Il semble stimuler ma curiosité.

- Qui était votre ancien maître et qu'accomplissiez-vous pour lui ? Pourquoi s'est-il séparé de vous ? »
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 01 Août 2012, 19:45

Evidemment, je suis un androïde. Ce fait ne m'a jamais dérangé. Dites à un enfant qu'il est un enfant, expliquez-lui pourquoi, et il s’accommodera tout à fait de sa condition. J'étais un enfant, dans un corps fabriqué, aux idées fabriquées, aux capacités fabriquées, aux sentiments ... supposés inexistants, ou presque. Je suis fait pour être loyal et exécuter des tâches. Je n'en ai jamais conçu aucune honte ou gêne.

Jusqu'à maintenant.

De n'importe qui d'autre, j'aurais accepté ces mots comme logorrhée ordinaire, banale découverte, questions logiques. Mais d'elle - oh, je sais bien que ce n'est pas du tout son intention, pourtant ! - je ne peux pas. Je ressens l'envie, le besoin viscéral, de me lever et de lui dire que non, non, je ne suis pas comme tous ces autres fichus androïdes, non, absolument pas !
Ce serait signer mon arrêt de mort. Mon arrêt, tout court. Une fraction de seconde et un mouvement d'oeil.



Reprends-toi.


Je suis au sommet d'un château de carte. Elle vient de toquer à la porte. Tout tremble. Tout. Pourtant, je souris. Poliment, comme on m'a appris à le faire. Respectueusement. Avec dévotion.

"Mon maître était un médecin. Il m'a créé pour que je le seconde dans sa tâche quotidienne. Je ne peux pas soigner les maladies, mais je peux purifier le sang."

Mes yeux fuient encore, je n'ose pas la regarder. Pas trop longtemps. Je ne veux pas paraître irrespectueux. Je ne veux pas me perdre dans ces océans, au point d'oublier toute prudence. Mais elle m'a posé une question, je dois lui répondre.

"Je suis ici depuis quelques jours."

Je ne peux pas me plaindre. Ce serait faire montre d'un caractère ... Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de chuchoter.

"Je n'aime pas ça."
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 01 Août 2012, 23:09

Un guérisseur travaillant pour un médecin. Il m’apparaît égoïste et surtout dommage avec ce potentiel que les capacités de l'androïde ne soient pas exploitées à des fins plus utiles que le seul confort d'un particulier. Ma Déesse seule sait à quels usages tordus certains romains pourraient employer celui-ci. Rien que d'y penser j'en ai froid dans le dos. En tous cas il doit avoir un grand savoir dans le domaine médicinal. Ma raison et ma logique tendraient à penser qu'une telle personne, (puis-je le qualifier de personne ? Je choisis que oui après tout qui lirait dans mes pensées?), une telle personne donc n'aurait pas grands choses à faire dans mon monde. Que pourrais-je lui apporter si ce n'est une existence confortable dont il n'a sans doute rien à faire, le traiter avec respect ce dont probablement il ne se rendra pas compte ou ne s'offusquerait pas du contraire ? Et lui que m'offrirait-il ? La loyauté parce qu'un programme l'a décidé, son regard si particulier qui attire si souvent le mien. Est-ce réellement viable ?

« J'imagine que vous aimeriez vous rendre utile dans ce domaine de compétence puisque c'est ce pourquoi vous avez été programmé. 

Encore une réflexion ridicule, les androïdes ne sont pas censés réfléchir à ce qui est bien pour eux ils obéissent simplement. Mais je pense à son créateur, sans doute que lui regretterait de voir son œuvre gâchée. Je ne peux m'empêcher de me demander entre quelles mains il tombera. Je me souviens d'une conversation surprise entre mon père et un de ses amis. Il était question d'androïdes relégués au rang de jouets sexuels. Je n'aimerais pas que pareil sort lui soit réservé à lui. Cependant n'est-ce pas plus moral d'utiliser des êtres ne ressentant pas d'émotions pour ce genre d'abus plutôt que des humains ? L'idée me déplaît tout de même beaucoup.

Et puis alors que de plus en plus la raison prend le pas sur l'émotionnel, la réflexion sur l'envie, sa petite voix me murmure une phrase décisive. Un instant je me demande si je ne l'ai pas imaginé, si je n'ai pas cru entendre ce que je désirais. Il n'aime pas ça. Un androïde n'est pas censé avoir de goût propre ni émettre d'avis sur ce qui est bon ou non, plaisant ou pas. Est-ce la preuve que je cherchais que j'ai raison ? Est-ce qu'il est différent des autres, de ceux qui me mettent si mal à l'aise ? Je ne ressens pas de gêne devant lui, du moins si mais moins importante que d'habitude. Il y a juste que je ne sais pas comment me comporter, comment m'adresser à lui. Mon cœur d'instinct parle comme s'il était humain quand ma tête me traite d'idiote. Je regarde vers le marchand, toujours en grande discussion. Tout prête à penser qu'il est en train de conclure une vente et sera occupé encore un moment. Me rapprochant à peine de l'androïde, m'accrochant à cet infime espoir, cette intuition fragile, je murmure à mon tour :


- Qu'est ce qui vous déplaît et qu'est-ce que vous voudriez si on vous laissait le choix? A quelle vie aspirez-vous? Parlez sans craintes, ce sera notre secret. »

Et comme pour appuyer mes dires je plonge mes prunelles dans les siennes ambrées. J'espère, je souhaite, j'aimerais qu'il lise combien je suis sincère et que je ne ferais rien pour lui nuire. J'ai l'impression que quelque chose l'inquiète sans savoir quoi. Est-ce que Spurius maltraite ses esclaves ? Est-ce lui qu'il redoute, sa réaction s'il me déçoit ?
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 02 Août 2012, 17:53

"J'irai où on a besoin de moi, Domina. Je sais faire d'autres choses, aussi."

J'essaye d'éviter son regard, de ne pas croiser ses yeux, mais les lagons d'azur m'attirent sans cesse, je ne fais qu'y plonger, encore et encore. Désarmé, sans défense et sans volonté aucune de protéger mes arrières. Face à elle, je suis vulnérable, je pourrais tout lui dire et tout lui livrer s'il ne me restait pas une once de bon sens. Juste assez pour me retenir. Pour me dire que c'est dangereux, encore.

Non, regarde. Regarde ! Tu peux lui dire !


"Spurius dit que je finirai esclave sexuel. Il ne voit pas d'autre avenir pour moi."

J'ai toutes les peines du monde à garder une voix neutre en énonçant ce fait. Peu importe combien de fois je me le répète, combien de fois j'y songe, je ne peux m'y résoudre. Ce serait déshonorer celui qui m'a fait. Ce serait le trahir, pour de bon. Ce serait vivre à jamais la honte de ma déchéance.

"Spurius a de l'expérience, il connaît bien ce genre de choses. Il sait que je suis capable de combler maîtres et maîtresses. Il doit pouvoir voir ce genre de choses au premier coup d'oeil, maintenant."

Comme si je voulais m'en convaincre. Un coup d'oeil nerveux à côté de moi pour m'assurer que l'androïde placé là ne m'entendra pas. Je reviens vers elle, ses yeux d'horizon qui m'aspirent, encore.
Imperceptiblement, je me penche. Imperceptiblement, je frôle la limite de ma condition. Imperceptiblement, je secoue des chaînes qui, jusqu'ici, ne m'incommodaient pas.


"Personnellement, je pense qu'il n'a simplement pas voulu prendre la peine de chercher autre chose pour moi."

Je me redresse, aussitôt, laissant le murmure planer comme un rêve, peut-être. Je reprends ma place première. Je baisse les bras - littéralement : mes mains jusqu'alors croisées dans mon dos se relâchent à mes côtés - je baisse les yeux, encore. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus quoi vouloir, quoi penser.

Un mot d'elle, et Spurius me fera reconditionner.
Un silence d'elle, et je n'aurai plus qu'à attendre ma destinée.

Un autre mot d'elle, et mon sort est scellé.
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Cassiopea le 02 Août 2012, 19:09

Il existe deux écoles, la première pense que les meilleures décisions sont celles qui sont mûrement réfléchies. La seconde prétend quand à elle qu'il n'est rien de mieux que de suivre son instinct. Je penche le plus souvent pour la réflexion. On dit de moi que je suis posée, sérieuse rarement que je suis impulsive sauf lorsque quelque chose ou quelqu'un me tient à cœur. En cet instant je suis tiraillée entre cette petite voix qui me dit de prendre cet androïde sous mon aile en faisant fi des conséquences et la raison qui gronde sa logique implacable. Finalement cet inconnu me fournit un argument de plus en confirmant mes craintes premières. Quel gâchis ce serait de laisser cet être qui pourrait être utile, soigner, sauver, aider, s'acquitter à la place de tâches dégradantes. Pourvu que ma Déesse ne m'entende pas penser ! Non Vénus je ne vois rien de dégradant à vous offrir de l'orgone ni à ce qu'un androïde y pourvoie. Ce qui m'insupporte c'est juste l'idée qu'on l'y force même si... Non il n'y a pas de même si. Je vois bien que cette éventualité lui déplaît. Il suffit de voir ses réactions, d'écouter ce qui se cache derrière ses mots ou le ton de sa voix.

Et je me demande soudain si un androïde peut-être programmé pour critiquer un humain. Celui-ci peut-être. Il est décidément un mystère qui m'attire et me fait poser mille questions. Un regard vers le marchand m'indique qu'il en a bientôt fini avec ses affaires. En somme il ne nous reste plus que quelques brefs instants de tranquillité, trop peu pour savoir tout ce que je brûle de demander, trop peu pour méditer sur le juste choix, la bonne décision. Dans ces circonstances il ne me reste qu'à écouter mon instinct ou peut-être mon envie. Pour une fois ces deux-là semblent chanter de concert. Soudain la plus importante des questions me vient. Un peu angoissée je me tourne vers l'androïde.


« Vous aimez la musique ?"


Par malheur je n'ai pas le temps de m'étendre sur ce sujet primordial que déjà Spurius regarde dans notre direction. A peine une vente terminée qu'il n'a déjà en tête que d'en empocher une nouvelle. On dirait bien que je fais une proie de choix à ses yeux. En quelques enjambées le voilà près de nous à me vanter sa marchandise et toutes les merveilles qu'elle accomplira pour moi. Je cache comme je peux une moue outrée quand il me lance d'un ton entendu que les androïdes font de meilleurs amants que la plupart des humains. Je lance un regard vers celui dont il est question en rosissant légèrement. J'espère qu'il ne pense pas que c'est là la raison qui me motive à faire son achat. Car oui à quoi bon le nier plus longuement, argumenter avec moi-même ma décision est prise depuis déjà de longues minutes. Alea jacta est. Dès que j'ai eu croisé son regard il était évident que nous en arriverions là. Un instant j'hésite comme pour défendre mon honneur ou mon image à remettre à sa place le vendeur d'esclaves en lui fournissant un prétexte à mon acquisition. Je décide finalement que ce serait alimenté d'avantage sa bêtise aussi je préfère ne pas m'étendre sur le sujet. D'autant plus que je me fiche éperdument de ce qu'il peut penser ou raconter quand je serai partie.


« Je le prends. »

Je n'ai aucune idée du prix d'un androïde, je ne marchande pas il est évident qu'il a bien plus de valeur à mes yeux que ce que Spurius en demandera. Je me contente de sortir ma bourse en cuir, d'en défaire le lacet et de lui donner la somme demandée. Par chance j'avais sur moi la recette du concert donné la veille. Giulia qui me répète inlassablement combien il est imprudent de me balader avec autant d'argent sur moi, pour une fois je viens de lui donner tort. Après avoir échangé les formules de convenance pour prendre congé je m'éloigne un peu mal à l'aise avec l'androïde sur les talons.

"Tacitus c'est bien cela ? C'est ainsi que le marchand vous a nommé. Je suis Cassiopea Alestra. Je vous rassure je n'attends pas de vous que... enfin je veux dire que je ne vous ai pas choisi pour me satisfaire de cette manière là.

Je rosis de nouveau très légèrement. A quoi bon arborer un masque, il est censé m'être loyal selon le marchand et puis s'il doit partager mon quotidien autant qu'il découvre qui est la vraie Cassiopea.


- Je veux dire qu'il n'est pas question que vous soyez mon esclave sexuel ou mon esclave tout court d'ailleurs. Vous serez traité avec respect comme ceux qui vivent sous mon toit ou y travaillent. J'avoue que je ne sais pas bien encore à quoi vous pourrez aider. Pour être honnête je ne voulais juste pas que vous finissiez ainsi. »
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Re: [E1] A l'aube d'une nouvelle rencontre

Messagepar Tacitus Alestra le 02 Août 2012, 20:51

Comme un rêve ...

La main gracile qui disparaît dans les replis de cuir, se tend, l'argent qui tinte, Spurius, ravi, qui félicite ... Elle m'a pris. C'est bien ce qu'elle a dit, non ? Qu'elle me prenait. Les mots sont durs, crus, et pourtant, ils me paraissent merveilleux. Et tout le temps du monde ne peut me suffire à réaliser que ma vie vient de changer, une nouvelle fois.


"A votre service, Domina."

Je lui emboîte le pas. Je la dévore des yeux. Parce que ... je peux, maintenant, non ? J'ai le droit ? Je n'ai, en tout cas, plus cette appréhension, et je ne me prive pas de la dévisager avec toute la retenue qu'exige ma condition, et la sienne. Ses explications, ses aveux qui la rendent gênée. Ses joues se teintent légèrement de rouges, mes yeux s'écarquillent, fascinés. Je suis fasciné. Elle me fascine.Il me faut quelques instants pour comprendre ce dont elle parle, et subitement baisser les yeux.


Pourtant, elle pourrait l'exiger ...


Hochant docilement la tête, je n'ose répondre dans un premier temps. Mon esprit s'égare, revient en arrière, saute plus haut dans ses paroles à la recherche de quelque chose de plus agréable à quoi s'accrocher. Quand il l'a trouvé, je souris.

"J'aime beaucoup la musique. Elle provoque en moi des sensations que ... je crois que je ne pourrais pas les vivre autrement."

Quelques pas, et nous voilà sortis du marché. L'air est plus respirable, on se rend compte seulement que là-bas, il était vicié. Les rues semblent plus lumineuses -traître illusion d'optique - et les passants plus accueillants. Avant que nous ne rejoignons tout à fait le flux des êtres qui se déplace dans la grande rue, je décide de m'arrêter. M'inclinant profondément, presque à ses pieds, je laisse ma voix résonner plus fort :

"Domina, je suis Tacitus. Votre obligeance et votre gentillesse, votre générosité, font de moi votre dévoué. Ordonnez ce qu'il vous plaira, faites de moi ce qu'il vous plaira. Je jure de vous être loyal, chaque jour à compter d'ici."

Me redressant, j'ose un petit sourire, peu assuré, mais bien sincère.

"Je doute, de toutes les manières, ne pas aimer combler le moindre de vos souhaits."


Celle-là, tu aurais peut-être mieux fait de la garder pour toi, par exemple.
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