Melina observa l'échange avec un air impassible, cachant au mieux sa surprise face à la tirade de Tiberius face à l'édile qui semblait outré. La procédure standard était en effet de vendre tous les biens, mais d'un autre côté, la procédure standard était AUSSI que les oeuvres artistiques allaient au temple de Vénus dans ce type de cas, pas d'héritier. De fait... vu que la majorité, la large majorité même des biens de Sertorius étaient d'une forme plus ou moins artistiques, allant de la littérature à la couture de grande qualité... La majorité de ses biens pouvaient revenir au temple de Vénus. Et de toutes façons Tibérius était influent, de fait, auprès de qui le type pourrait-il se plaindre ?
Et au final, il conclut en déclarant qu'il donnerait à l'androïde la responsabilité de faire des lieux une sorte de musée. Donner une responsabilité ? A une androïde ? Mais d'où est-ce-qu'il sortait au juste ? Et le plus surprenant, il lui demanda son avis en plus, ce qu'elle en pensait. Mel' observa Tiberius avec
un air mélangeant effroi et surprise totale. S'il lui donnait autant d'indépendance il allait lui causer des problèmes.
- Ce que j'en pense...? balbutia-t-elle sans quitter cette expression sidérée.
Clairement il allait falloir mettre les choses au point, car ironiquement, son nouveau "Maître" risquait encore plus d'éveiller les soupçons au sujet de son plot que de devoir fuir, poursuivie et recherchée par tout le monde.
- ... avez-vous déjà eu des androïdes, Maître Tiberius ? Car disons les choses clairement... Mon attitude particulière, qu'il s'agisse du style, de la capacité à être sarcastique ou critique, tout cela était de la volonté de Sertorius. Il a voulu que me soit donnée une personnalité qu'il appréciait, indépendante de la sienne en apparence. Il disait que cela stimulait son esprit créatif d'avoir quelqu'un qui ne soit pas d'accord avec lui. Elle fit une brève pause, fixant du regard son interlocuteur, avant de continuer. Elle risquait gros, mais de toutes façons vu la tournure des choses il était nécessaire de bluffer quelque peu, et le fait d'avoir des nerfs électroniques était plutôt utile pour être crédible dans ce domaine.
- Cette attitude, désirée par Maître Septimus, était vue comme amusante par la plupart des gens. Mais en dépit du fait que ladite attitude soit un fonctionnement normal et voulu, certains avaient déjà commencé à parler du fait que je le manipulais ou je ne sais quoi d'autre, comme si je n'étais plus à son service mais lui au mien. Je sais que ça peut paraître grotesque, mais c'est pourtant une rumeur qui est parvenue à Sertorius. Je vous laisse imaginer à quel point sa réaction fut à mi-chemin entre le mépris et l'énervement.En effet, le pauvre Septimus n'avait pas du tout aimé cette rumeur, même si pourtant elle avait une base de vrai. Melina ne cherchait pas spécialement à le manipuler de manière active, mais le fait était qu'elle était plus ou moins libre d'esprit, son plot étant très sévèrement défaillant. Cela venait justement du fait qu'une personnalité très "forte" lui ait été programmée... Il y avait forcément une opposition.
- Le fait est que si vous vous mettez à m'accorder de nombreux honneurs, ces rumeurs vont devenir plus fortes. Et peu importera le fait que ce ne soit pas la vérité : tellement de personnes en parleront que même ceux sachant que c'est faux finiront par s'auto-convaincre que c'est vrai. Je serai donc recyclée. Elle claqua des doigts d'un coup.
Finies les oeuvres d'art et les sarcasmes. Je ne peux pas prétendre que je le crains ou autres... Je ne suis pas programmée pour. En revanche, cela signerait la disparition du travail de Sertorius, qu'il m'avait expressément demandé de protéger... Il y a donc un conflit gênant. Il m'a demandé de protéger son travail, je fais partie de son travail, mais je ne suis pas censée m'auto-protéger, alors, quoi ? Le fait est que plus vous me traiterez comme une humaine, plus les chances que je me retrouve face à ce conflit augmentent. J'ignore quels seraient les effets. Un dysfonctionnement, probablement. Pluton seul le sait.C'était quand même pas mal... Mieux valait finir de façon plus prudente en bonne gentille androïde servile, au fond. Elle finit donc par signaler :
- Vous sembliez apprécier le style que Maître Sertorius m'avait appliqué, je ne dis donc cela qu'afin de vous plaire au mieux. Dussiez-vous changer d'avis je serais ravie d'être modifiée afin de correspondre à vos préférences.Alors qu'elle termina sa phrase, elle sembla surprise l'espace d'un instant, se retournant comme pour regarder derrière elle, comme si elle avait vu ou senti quelque chose. Elle fronça les sourcils, l'air préoccupée, avant de regarder son épaule, puis derrière elle, avant de revenir sur Tiberius... Ca ne devait pas être grand chose visiblement.