Je sais ! Ce soir, Mettius organisait une cérémonie devant réunir nombre de sénateurs. Et je savais également que j'étais invité. Je serai courtisé, on m'offrirait des cadeaux, on m'offrirait même des esclaves sexuels. Je n'avais que faire de ces cadeaux et je savais pourquoi on me les offrait. Il était peu probable que notre culte soit le plus prié. Il était même possible que nous soyons le dernier des quatre grands cultes. Par conséquent, les sénateurs qui avaient peu de chances d'être élus se tournaient vers moi. Ils espéraient que je les choisirai. Et ils étaient prêts à payer pour cela.
Mais je n'avais vraiment pas la tête à cela. Ces banquets de lécheurs de bottes ne me passionnaient pas. Voir Mettius m'insupportait. Il y avait bien Camila que je pouvais faire enrager. Mais non, cet après-midi, j'étais bien trop inquiet pour m'enquérir de la tenue que j'allais revêtir. Je m'étais rendu au marché et j'avais demandé à être escorté par deux miliciens de Minerve. Hier, Eoce s'y était rendue pour acheter quelques pétales. Nous manquions d'encens au temple. D'ailleurs ce matin, il n'y en avait pas eu pour l'office. Et pour cause, hier, Eoce n'était pas rentrée. Sur le coup je ne m'étais pas inquiété. L'herboriste est un de nos adeptes, il prie souvent le temple pour trouver une femme qui aime les arts autant que lui. C'est un musicien à ses heures perdus. Eoce l'apprécie énormément. Il faut dire qu'il est bel homme. Très bel homme et sans aucun doute au goût d'Eoce. Je m'étais dit que les roses ne seraient pas les seules fleurs de butiner cette nuit.
Seulement je me trompais. Quand j'entrai dans l'herboristerie, le silence envahit la pièce, les regards se tournèrent vers moi et les gens qui patientaient s'écartèrent pour me céder leur place. En temps normal, j'aurai peut-être attendu mon tour. Non. Non, je l'avoue, je serai passé devant tout le monde.
-- J'avoue Venus ! C'est bon, pas la peine de me donner la migraine pour cela ! Surtout pas aujourd'hui.
Les gens étaient intrigués à me voir marmonner ainsi le nom de ma déesse. Je m'approchai de l'herboriste.
-- Tiberius Scribonius Festus ! Que me vaut votre présence ici ?
-- Bonjour Mince comment il s'appelle déjà lui ... Domo Rosa Rosae... A mon avis, vu sa tête, ce n'est pas cela... Pas grave, poursuivons :
-- Voilà, hier la prêtresse Eoce est venue vous acheter quelques fleurs pour notre encens...
-- Oui oui, veuillez m'excuser ! J'ai commis une erreur d'ailleurs !
-- Une erreur ? Boulet ! Tu vas me dire laquelle ?
-- J'ai appris que vous aviez manqué d'encens ce matin. Alors, j'ai envoyé Servius vous apporter votre commande. J'avais cru comprendre qu'Eoce passerait la prendre hier soir, avant la fermeture. J'espère que cela n'a pas troublé votre...
-- Eoce n'est pas passée ?
-- Non, votre éminence, non...
Cette fois j'étais inquiet... très inquiet. Eoce n'était du genre à me cacher un amant. Qu'elle se soit réveillé à midi dans le lit de Rosa Rosae Pétale de truc, ne m'aurait pas étonné. Mais elle n'y était pas arrivé chez cet herboriste. Terriblement soucieux, je sortis sans autres explications pour l'herboristerie. Mon visage exprimait clairement mon inquiétude et mon désarroi.