Sale gueule et sueur pour la nouvelle recrue.-PV Cassian-
Une journée bien remplie, surtout pour ses hommes à qui il avait infligé une traitement d'endurance particulièrement éreintant. Il avait du sévir sur un de ses soldats qui s'était permis certaines sorties à rallonge, et libertés, s'absentant une nuit entière. La raison? Il était bourré. Rien à foutre, pour Otho, c'est du pareil au même. T'es pas foutu de faire l'entrainement du jour, tu morfles. Il aurait pu tomber sur un bon jour, avoir de la chance, et non. Jour de test, jour de punition pour lui. Après avoir gerber ses tripes sous la boue à plusieurs reprises, Otho l'avait trainé dans une cellule. Il y resterait une semaine. La journée s'était terminée dans le calme, il avait réussi à éreinter jusqu'au dernier de ses hommes et ce soir, la Centurie dormirait à point fermé. Demain, la matinée serait consacrée aux tâches tranquilles, histoire de ses hommes ne se déchirent pas quelque chose. Il en prenait soin? Plus ou moins. Il voyait surtout que si demain il avait une missive urgente, il devait avoir des hommes opérationnels, et non une tribu de culs de jatte aux muscles de cuisses claqués et aux bras ramolo. Il avait pris la bouffe du soir avec ses hommes aussi. Peut être que les Centurions ne mangeaient pas avec les leurs, Otho si. Il n'y avait pas différence. Il était certes le chef, mais il mangeait ce que ses hommes mangeaient, il respirait leur air, dormait à quelques pas d'eux. La différence entre lui et ses hommes n'étaient pas si grande. Il saignait avec eux, suait avec eux et mêlait sa volonté aux leurs. Il était eux, ils étaient lui, ça fonctionnait comme ça ici.
Le soleil déclinait sur le Ludus et sur Rome. C'était ce soir qu'une nouvelle recrue arrivait. Chaque recrue était unique. Rien à voir avec l'armée classique où les mômes se ressemblent presque tous en arrivant. Ici , chaque homme arrivait avec un passé, des marques, des douleurs, des larmes ou/et des cris, et surtout.... Un potentiel. Un potentiel que percevait ce rustre d'Otho. Il était marqué pour le voir, pour le sentir. Ceux qui n'étaient pas fait pour tenir et pour être dans sa centurie ne passait pas le premier jour. Otho attendait à la flamme du feu, patient, sans uniforme. Ce soir, il avait opté pour un kilt de toile rouge et celui de cuir qui va par dessus, ceinture double sur les hanches, jambières de cuir sur tibia. Hormis pour les missions, les hommes portaient rarement l'uniforme dans cette Centurie...Ils étaient souvent torse poil. Lanières au torse, protège-avant bras solides, le classique du civil pour Otho qui n'avait pas envie de s'emmerder avec les tuniques et autres toges d'officiers pédants. Ce fut la nuit tombée qu'il sortit avec quelques armes et les déposa en passant par l'armurerie. Le soldat n'y était plus, il dormait avec les autres. Pour Otho, la journée n'était pas finie, loin de là. On n'amenait jamais les nouvelles recrues au grand jour. Certains d'entre eux auraient pu croiser quelques mécontents et ne pas arriver en un seul morceau. Autant ne pas faire dans l'exhibitionnisme plus que de raison, ses hommes l'étaient assez comme ça. Il posa les armes dans un cliquetis de lame à aiguiser près de la forge, ses initiales sur les tranchants, et quitta les lieux. Un soldat lui fit signe vers l'entrée 2. Il comprit qu'il était arrivait. Otho plissa les yeux. D'un pas lent, rajustant un de ses protège-avant-bras, tirant sur le lacet, il fit un signe de tête. Le garde fit donc à son tour signe aux hommes d'attendre à la porte.
Quelques longues secondes, le terrain traversé, Otho apparut, massif, la peau mâte, les traits fermés, des mèches d'un blond cendré amer lui léchant les épaules. Son regard clair et perçant, sous une expression sérieuse voir inquisitrice tomba sur trois hommes. Les deux gardes en tenue réglementaire manquèrent de sursauter, pas très fiers. Pourtant son arrivée n'avait pas été soudaine. Encore des pleutres de Pluton ça. Il les lorgna de haut, avec un dédain qui leur fit avaler sa salive. Silencieux, il prit la missive d'une main, la signa et la colla dans la ceinture du moins grand, avant de lui tapoter la joue, si on pouvait appeler ça tapoter vu sa douceur bourrue. Les deux hommes se mirent au garde à vous. Bon gars, bon gars.... Bande de couilles ramollies... Il soupira et jeta un regard au soldat de garde qui eut un sourire et leur fit un gros "BOUH!" Les mômes pressèrent le pas, des fois qu'il mordrait. Otho eut un très léger rictus et tapa lentement sur l'épaule de son soldat, mort de rire.
Il poussa une silhouette vers l'intérieur, autant ne pas trainer dehors, et laissa l'homme refermer la lourde porte. Ce ne fut qu'à l'intérieur qu'il baissa le regard sur le nouveau. De taille moyenne, mais plus petite que leur moyenne à eux, une gueule à séduire les pucelles, le regard sombre, le teint marqué par la fatigue, la faim et la douleur. Les cheveux en bataille et dégueulasse, entre sang, sueur et autres substances douteuses. Il baissa un peu plus ses yeux sur le reste rapidement. Ouais on verrait plus tard.
- Viens.
Il lui passa une main imposante sous le bras et fit signe à un des deux gardes d'aller chercher une écarteuse. Ces cons de bleus de la troisième centurie avait oublier encore une fois de leur fournir les clefs des fers que le nouveau avait aux poignets et au cou... La chaine reliant les trois. Et pas une chaine de merde s'il vous plait. Il voyait à peine son visage avec cette tignasse crade et emmêlée. Pire qu'un esclave mal entretenu. Il lui fit faire quelques dizaines de mètres, jusqu'à l'entrée du bâtiment abritant latrines, bain et dispensaire à l'étage et entendit gueuler celui qu'il avait sanctionné l'après midi. Les cellules du haut. Quand le soldat revint, lui donnant la pince massive, il lui donna ordre d'aller faire taire l'autre abruti à l'étage. Il le fit, je vous épargne comment. L'autre sembla vite faire dodo.
- Assieds toi, ordonna cette voix rauque et calme.
Il désigna de la tête des plot de bois de trente centimètres de haut au milieu du bain, dont l'eau chauffait pas loin, elle venait d'être mise par le second soldat , qui avait compris que l'état du nouveau le nécessiterait. Ces abrutis l'avaient bien abimés. Otho toussa un coup , se racle la gorge, approchant avec la pince. Il prit les avant bras du nouveau, les posa à plat sur l'un des plots à coté qu'il avait rapproché du pied, les immobilisa d'un pied et frappa violemment sur la jointure du fer pourri qui éclata. Un second coup, et le deuxième poignet fut libre. Il ôta son pied et le lorgna sévèrement, lui prenant le menton dans sa main pour lui relever la tête, l'un assis presque au sol, le Centurion debout devant. Il lui tourna le visage sur le coté et releva d'une main une touffe de mèches noires dégueulasses pour découvrir une arcade explosée, un œil boursoufflé , des bleus et une infection ouverte. Il inspira profondément, son regard se durcit, et il expira de la même manière.
- C'est quoi ton nom.