par Kellya le 01 Novembre 2013, 01:01
Je n'avais encore adressé la parole à mon maître, je sentais dans ses mots un désir de me mettre à l'aise, d'enfin découvrir qui je suis. C'est surprenant, d'habitude mes maîtres ne me demandent pas mon avis, ils veulent que je m’exécute. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai l'impression que l'on s'intéresse à moi. J'écoutais donc, ses directives, ma serviette encore autour de mon corps. Il partit se vêtir alors que je restais là sans rien dire, l'observant faire. Après quelques secondes, il revint vers moi et me donna une légère frayeur. Son regard planté dans le miens, j'étais déstabilisée, j'avais l'impression qu'il me voyait. Il ne me lâche pas, je continue de le fixer également avant qu'il n'ajoute :
- J'ai peur de ne pas avoir de vêtements pour toi donc jusqu'à ce qu'on aille t'en acheter demain j'ai peur que tu doives rester nue.
Un léger moment vint entrecouper notre "discussion", je continue de le fixer alors qu'un son s'échappe de ma bouche, j'ai pas réussi à le retenir celui là. Je commençais déjà à redouter les prochaines heures de nudité et de froid. Malgré tout, j'ai défait ma serviette, m'abandonnant à mon sort sans rien dire. Je sentais mes cheveux mouillés se sécher peu à peu, ma peau se réchauffait, et une agréable sensation prit possession de mon corps. Une nouvelle fois, ma nanotechnologie améliorait mon quotidien. Après sa légère plaisanterie mon maître mit à ma disposition l'un de ses hauts. La texture était plutôt confortable, je regardais mon maître trituré ma tenue, sans rien dire, muette. Moins je parlais, moins il en savait, moins il en savait, moins c'était risqué pour moi. À vrai dire, comment savoir si je pouvais lui faire confiance, il était peut être lui aussi un adorateur de l'être humain. Je passais alors ma main dans mes cheveux désormais secs, tout en jetant en temps un coup d’œil vers la fenêtre. Après quelques secondes d'attente, mon maître m'emmena vers la cuisine, je me laissais mener, une nouvelle fois surprise par l'aisance de celui ci pour se diriger dans sa maison. Je le vois se mettre en face de ses fourneaux, reprenant un plat qu'il avait laissé là. Je me réjouis de voir avec quelle aisance il cuisine, ses gestes sont fluides assurés, et la délicieuse odeur que dégage son plat, laisse transparaître ses talents de cuisinier. Je me sentais inutile, me tenant debout près de lui qui cuisinait. Après quelques minutes, son plat était prêt, il dressa rapidement les assiettes et m'invita à m'asseoir en face de lui. Un face à face survint à nouveau, j'affrontais le regard vide de mon maître, contemplant à nouveau son charme si particulier. Je viens me saisir de couverts, observant pendant quelques secondes le plat avant qu'il ne m'adresse la parole.
- Raconte-moi ton histoire, Kellya. Tes anciens Maîtres, ce qu'ils t'ont fait. Dis-moi si tu as peur de moi et demande-moi ce que tu as envie de me demander. Je ne te demande pas d'être silencieuse, si tu es pipelette, parle, je te dirai déjà quand je n'en peux plus mais maintenant j'aimerai entendre ta voix, ton histoire, si il y a des choses que tu aimerais que je fasse ou au contraire que je ne fasse jamais.
Mon corps se fige, je repense à toute mon histoire, mes souffrances. Un léger trou plane dans notre "conversation". Je le regarde pendant un instant, il peut entendre mon souffle, comme un début de phrase mais aucune parole n'en suit. Une fois de plus, il veut découvrir qui je suis, rapidement, je trie les informations, continuant de respirer fortement. Je m'arrête alors, venant caresser pendant quelques secondes mon poignée. Tout se forme dans mon cerveau, mes souvenirs me reviennent violemment, je ferme les yeux pendant quelques secondes comme pour ne pas ressentir les sensations. Mais il est trop tard, ma nanotechnologie s'emballe à nouveau, venant me faire ressentir les différentes sensations et sentiments vécus dans mes souvenirs. Le regard de mon maître me fixe encore, alors que je tente de retenir des gémissements de douleur. Revenant peu à peu à moi, je me stoppe observant mon maître, commençant à lui parler de mon ancien maître. Je m'exprime à lui, ses oreilles perçoivent ma voix chaude, aux couleurs vives, légèrement traînante sur certaines intonations. Chaque sentiment lui parvient le timbre de ma voix le transporte dans mon récit, dans mes méandres, il partage avec moi mes douleurs, mes peurs et mes sensations.
Mon ancien maître était un riche romain athée, il n'était dicté par aucune loi, aucune logique, aucune morale. Je n'étais pas la première de ses esclaves, mais le destin de ses anciens androïdes se comprenaient rapidement par son comportement. Il m'avait acheté dans les bas-fonds à l'âge de 20 ans. Pour lui, je n'étais qu'un objet, il me donnait des ordres, me bousculait, m'hurlait dessus sans raison, juste pour le plaisir de me voir soumise. Oui, c'était ça le mot, il me voulait soumise, tout ce qu'il désirait c'était me dominer, me montrer qu'il est supérieur. Souvent, je le voyais seul en face de son miroir, à ce regarder tout en répétant nerveusement qu'il était humain et que c'est pour cela qu'il était supérieur. C'était un homme pour le moins discret, très lunatique. Sa vie sociale était des plus maigres, et à part son argent, il n'avait aucun impact sur le monde romain, aussi bien politique, que dans son propre quartier. La première nuit où il s'est.. servi de moi, j'ai compris. Toute cette haine, ce besoin de domination, de contrôle, c'est sur moi qu'il l'exerçait. Je me retrouvais plaquer contre des murs, au sol, alors qu'il effectuait des prises de blocages sur mes bras ou mes jambes, parfois même il m'étranglait tout en me regardant dans le blanc des yeux. Il m'injuriait, me forçant à faire des choses ou à en dire. Quand j'y repense, je me dis que sans toute cette nanotechnologie si spéciale qui parcourt mon corps, je serais sûrement morte à l'heure actuelle. Mon ancien maître était très "actif", jamais je n'avais de pauses, les seuls moments de repos, était lorsqu'il s'endormait tard la nuit ou encore lorsqu'il mangeait. Je n'ai jamais totalement réussi à le cerner, il m'offrait une violence si pure, si dure,il me disait de l'accepter comme un cadeau, comme une bénédiction. Il voulait me châtier de ne pas être humaine, sans réellement savoir que je le suis. Je lui ai pourtant répété de maintes fois que j'étais humaine mais sans succès.. Toujours à me repousser. Il est mort par la suite.. D'où ma liberté conditionnelle jusqu'à ce que je ne sois revendu à mon nouveau maître. Bien sûr je lui ai épargné durant ma description les divers faits pouvant lui faire penser que je suis un androïde qui souhaite se faire passer pour une humaine.
J'avais compris que je pouvais m'en sortir, il était peut être mon billet pour une liberté certaine. Je continuais donc de jouer l'androïde.
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