De nouveau, je me retrouvais au marché de Spurius. Je ne sais pas ce que j'avais fait cette fois. Où était mon erreur ? Je n'avais pas fait brûler la maison, je n'avais empoisonné ni blessé personne, ni même fâché, il me semblait en tout cas. C'est pour cela que je ne comprenais pas que du jour au lendemain je n'avais pas revue ma maîtresse. Il paraît qu'elle s'est mariée et qu'elle a trouvé le bonheur. Après l'avoir attendu plusieurs mois, j'avais été au marché et m'étais faite attrapée par un garde. Je ne pouvais pas dire à qui j'appartenais, car je ne le savais plus et je me retrouvais de nouveau en vente.
Dépité de me revoir, j'avais retrouvé ma place dans les pièces détachées, au fond du magasin. J'étais assez loin pour que les futurs acheteurs ne me remarquent pas, car pour Spurius, j'étais complètement cassée. S'il pouvait me découper en petits morceaux, il le ferait sans même hésiter. En attendant, j'attends, patiemment, de voir où va me mener mon destin. Je ne me plains pas. Ce n'est pas plus terrible que de se retrouver coincé en dessous d'un temple sans savoir quand vous allez retrouver la lumière du jour. Je suis une machine, de plus, faite pour survivre à toutes les épreuves de la vie.
Je suis dans ma grande caisse de bois, au milieu des pièces détachées. Je m'amuse avec les morceaux de métaux en essayant de me faire un troisième bras ou en me rajoutant un pied. Bien sûr, cela ne tient pas, mais au moins je m'occupe. De temps en temps je m'éteins quelques secondes ou minutes et je reprends où j'en étais comme si rien ne s'était produit. Voilà, comment se passent mes journées.
Mais cette fois là, quand j'ouvre les yeux, je ne suis pas seule. Un homme s'est aventuré dans cet endroit étriqué du magasin. Je ne sais pas s'il m'a vue, ni même s'il me remarquera, mais j'affiche tout de même mon plus grand sourire, seul mes paupières bougent. Je ne lui dis rien, ce n'est pas à moi de le faire. Tant qu'on ne me demande pas de parler, je ne le ferais pas.