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[E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 07 Novembre 2013, 18:47
par Minerve
La douce température du vent caressait la peau de Katla. Sous ses doigts, elle ressentait l'agréable toucher de l'herbe. Un bruit de chaîne vint troubler le silence et attira son attention sur sa droite. Un chêne majestueux surplombait la colline verdoyante. Dos à elle, une femme profitait d'une balançoire suspendue à une large et puissante branche. Sa robe semblait composée de feuille d'or. Sa peau laiteuse contrastait d'ailleurs énormément avec le luxe de sa tenue. L'étrange femme ne semblait pas avoir perçu la présence de Katla. Elle continuait d'aller d'avant en arrière. Des rires d'enfants parvenaient à Katla. Guère habituée à ses sens humains, elle parvenait difficilement à en déterminer l'origine. Ses regards à droite et à gauche ne croisait personne d'autres. L'herbe s'étendait à perte de vue vers le sud, l'est et l'ouest. Et l'horizon au nord, s'arrêtait à ce chaîne. Il y avait bien une bonne dizaine de minutes de marche pour gagner le sommet de la colline et la base de l'arbre sans doute millénaire.

La jeune femme qui se balançait n'interrompait pas ses monotones va-et-vient. Toujours dos tourné, elle semblait ignorer toute présence et profiter de cette quiétude. Le ciel était d'un bleu immaculé, le soleil n'y brillait pourtant pas. Au pied de Katla, il n'y avait d'ailleurs nulle ombre. Elle remarqua alors sa nudité totale. Son corps ne semblait pas être le sien. Du moins, sans ses ordinateurs quantiques, elle n'avait plus en mémoire son visage d'antan. Après un clignement d'yeux, le bruit de la balançoire se fit plus proche, bien plus proche. Tournant la tête, elle réalisa être à côté de l'arbre, le tronc la séparait de la balançoire. Caché par l'arbre, Minerve n'était guère visible. Tantôt sa chevelure, dépassait à gauche de l'arbre, tantôt ses fines jambes dépassaient de l'autre côté.

Puis, lors d'un dernier passage, la balançoire apparut vide. Une main se posa sur l'épaule dénudée de Katla. Minerve l'observait de la tête au pied. Elle tenait en ses mains une longue lame d'une finesse rare. Il en perla des gouttes de sang. Au contact du sol, le sang putréfia l'herbe verte. D'ailleurs entre le point où Katla avait ouvert les yeux et son emplacement actuel, chacun des pas de l'humaine semblait avoir fait pourrir le sol. Minerve n'avait toujours pas prononcé le moindre mot. Elle contourna Katla et se plaça entre elle et l'arbre, comme pour se servir de son corps comme d'un rempart.

-- Ne touche pas mon arbre, j'y tiens, je ne veux pas que tu l'infectes.

Minerve ayant averti Katla, elle fit alors quelques pas. D'autres gouttes de sang continuaient de perler et Minerve semblait vouloir éloigner l'arbre des morsures de ce sang empoisonné. Le regard de Minerve ne quittait pas le corps de Katla. Elle se demandait ce que les Nephilim pouvait trouver de plaisant chez cette race humaine, subalterne et souillante.

-- Regarde tes mains!

Les doigts de Katla étaient doux, fins, et particulièrement sensibles. L'humaine pouvait ressentir une différence évidente. Elle ne se trouvait plus dans un borg, dans un corps métallique de combat, mais dans son corps humain.

-- Alors comme cela, tu souhaiterais enseigner l'histoire?

Minerve ne semblait pas attendre de réponse. La phrase venait d'être prononcé sur le ton de la réthorique. Mais le bruit des enfants se fit de nouveau entendre. C'était celui d'une école primaire. Des enfants jouaient à la marelle, d'autres avec une balle et semblait tous vouloir courir après. Les formes fantomatiques disparurent derrière un mur que des dessins d'enfants tapissaient.

-- Tu vois la jeune fille la bas?

Minerve pointait du doigt une fillette lui ressemblant étonnament. Assise devant son petit bureau, la jeune fille écrivait. Tout autour d'elle une salle de classe semblait être sortie de nulle part. Katla portait désormait un ensemble strict, digne d'une maîtresse d'école. Minerve avait disparu, mais la ressemblance avec l'enfant était trop frappante pour être anodine.

-- Maîtresse, j'aimerais savoir … Quand vous êtes devenue un robot, qu'est-ce que vous avez fait du corps que dieu vous a donné ? Vous l'avez mis à la poubelle?

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 09 Novembre 2013, 15:29
par Katla Buskvej
Il faisait froid. Non... En fait, il ne faisait pas froid du tout, mais j'avais froid malgré tout. Je n'avais pas eu froid depuis... Presque une éternité. J'avais oublié cette sensation. Quelque chose n'était pas normal... J'ouvris les yeux, me retrouvant éblouie par la lumière pendant plusieurs secondes. Il y avait des bruits... Comme des rires d'enfants. Et cette odeur d'herbe fraîche m'envahissait l'esprit. Tous mes sens étaient saturés. Je pris une grande respiration et me mis à tousser, ayant inspiré trop profondément en une seule fois. Je n'avais pas toussé depuis...

Alors que mes yeux s'habituaient à la luminosité, je pus apercevoir une femme sur ce qui ressemblait à une balançoire. Mais plus perturbant encore, l'affichage tête-haute avait disparu. Je n'avais pas d'indications sur mon état de santé, je n'avais pas accès aux disques durs de mon corps mécanique, je ne parvenais plus à me connecter aux systèmes d'analyse, linguistiques, de visée, et autres. Mon champ de vision paraissait... vide. Je me mis d'un coup à respirer plus vite, et je ne pouvais pas le contrôler. Je ne pouvais pas ordonner à mon corps de limiter ma respiration à un certain volume d'air par minute, je ne pouvais pas fixer mon rythme cardiaque, ni rien de ce type. Je relevai la tête, et réalisai subitement que j'étais à côté de l'arbre. Comment étais-je arrivée là ? La balançoire continuait d'aller et venir, l'air de rien.

J'étais confuse... J'avais froid, j'avais faim, j'étais envahie par des milliers de sensations que je n'avais pas vécues depuis près d'un demi-millénaire, je ne comprenais pas ce qu'il se passait... D'un seul coup la balançoire apparut vide. La jeune femme avait disparu.
Sentant une main se poser sur mon épaule, je sursautai de tout mon corps, me retournant maladroitement et observant Minerve, en tremblant. Car c'était bien elle que j'avais face à moi... Je la reconnaissais. Je me rappelais de ce qu'il s'était passé. Prometheus... Eve. Le temple de Vesta... Une lame se plantant dans mon crâne. Mon dernier souvenir...

Oui. J'avais vu quelqu'un apparaître, mon corps avait automatiquement affiché l'interface de combat... J'avais poussé Prometheus pour le mettre à l'abri, mais c'était trop tard. Des messages d'erreur s'affichaient dans tous les sens, indiquant des blessures critiques au cerveau... J'avais entraperçu Prometheus avec l'arme plantée dans le corps, et plus rien. Quelle ironie... Toute ma vie j'avais voulu, régulièrement, mourir, sans parvenir à me tuer. Et le jour où je voulais vivre, je me faisais abattre. La dernière chose que j'avais faite avait été d'essayer de protéger Prometheus.

Tendant une lame fine, couverte de sang, elle se plaça devant moi. Les gouttes de sang semblaient faire pourrir le sol, comme s'il était radioactif ou maléfique, ou je ne savais trop quoi d'autre. La blonde m'ordonna alors de ne pas toucher l'arbre, elle ne voulait pas que je l'infecte. Je n'avais aucune intention de l'infecter, de toutes façons. Je ne répondis rien, me contentant de rester loin de l'arbre. Puis elle m'ordonna de regarder mes mains, ce que je fis...

Et je finis par comprendre ce qu'il m'arrivait en m'observant moi-même. Mes mains... Surtout mes avant-bras. Je reconnaissais ces deux longues marques qui couraient le long de mes deux avant-bras. Et mon épaule... Cet impact, cette marque de brûlure au plasma... Les mains tremblantes, je passai un de mes doigts le long de mon visage, trouvant cette fine balafre que j'avais eue à 12 ans à peine. C'était mon corps humain. Qu'est-ce-que ça voulait dire ? Qu'est-ce-que c'était que cette histoire ? Où étais-je ? A quel jeu la déesse jouait-elle ? Quel était son but ? Me torturer ? Me "donner une leçon" ? Pourquoi le faire d'une manière aussi cruelle ? QUE ME VOULAIT-ELLE !?

-- Alors comme cela, tu souhaiterais enseigner l'histoire ? me demanda-t-elle.

Je me contentai de hocher la tête, et en l'espace d'un instant le bruit des enfants revint. Il y en avait, partout. Ils jouaient à je ne savais quoi... Ils sautaient, ils s'amusaient avec une belle, avant de finalement disparaître derrière un mur couvert de dessins. Minerve me montra une jeune fille, assise, devant un bureau dans une salle de classe qui sortait de nulle part. J'étais habillée, de mon côté, avec une sorte d'uniforme étrange. Alors que je tournais la tête pour répondre à la déesse, je réalisai qu'elle avait disparu. La gamine, elle, s'adressait à moi.

-- Maîtresse, j'aimerais savoir … Quand vous êtes devenue un robot, qu'est-ce que vous avez fait du corps que dieu vous a donné ? Vous l'avez mis à la poubelle ?

Cette apparence... Ce visage...
C'était impossible. Elle jouait avec moi, cette déesse maléfique... Je fermai les yeux un moment, soupirant longuement et essayant de me calmer. J'étais à deux doigts de craquer. Je finis par les rouvrir, fixant la petite fille de mes yeux maintenant vairon ; un bleu et un vert. J'avais gommé ce trait en changeant de corps, parce que j'en avais assez que les gens ne regardent qu'un seul de mes yeux en me parlant.
D'une voix faible, je répondis alors à la petite fille, que je ne pouvais pas arrêter de fixer. Ce visage... Ces cheveux...

- N... Non... Je l'ai recyclé... dans une forge solaire... Il a servi à fabriquer des métaux, et... et des matériaux... Nous recyclions tout ce que nous pouvions...

Je me passai alors les mains sur le visage, les larmes coulant silencieusement. Même morte je ne pouvais pas être en paix...

- Qu'est-ce-que vous me voulez... Vous m'avez déjà tuée, ce n'est pas suffisant ? Vous devez m.... me torturer en plus après ? Par pitié dites-moi ce que vous me voulez... Me voix était de plus en plus basse, pour ne devenir qu'un chuchotement presque inaudible. Je n'ai pas mérité ça... Je n'ai fait de mal à personne... Je voulais juste qu'on me serre et qu'on me dise qu'on m'aime... Rien d'autre... Pourquoi vous me faites ça...?

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 16 Novembre 2013, 14:44
par Minerve
Les enfants la regardèrent tout étonnés. Ils inclinaient la tête sur le côté pour certains, d’autres clignaient des yeux, agards.

-- Maîtresse, c’est quoi une forme sodaire ?

Le doigt levé, un enfant répétait maladroitement son expression. Puis quand les larmes vinrent, tous furent surpris. Une petite fille pleura à son tour, touchée par la tristesse de sa maîtresse.

-- Pourquoi vous pleurez, maîtresse ?

Minerve ne semblait plus être présente du tout. L’école ressemblait à ses grandes bâtisses écossaisses aux murs extérieurs sombres, aux fenêtres assez étroites pour protéger du froid. D’ailleurs, dehors le temps étaient devenus maussade bien rapidement. Il ne pleuvait pas encore, mais le vent commençait à siffler contre les murs.

Alors qu’elle pleurait, des mains saisirent ses jambes. Les chérubins s’étaient rapprochés et l’avaient enlacé, à leur hauteur. Katla était grande comparée à eux. Ils la serrèrent fortement. La petite fille lui confia qu’elle ne devait pas être triste.

Un bruit de chaise parvint du fond de la classe. Minerve se redressait. Elle n’était pas là quelques secondes auparavant. Elle approcha. Les enfants ne semblaient ni la voir, ni l’entendre.

-- Tuée, tuée… La mort n’est qu’un renouveau. Ton peuple ne croyait en rien d’autres que la Science. C’est un choix. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de l’âme. Mais la mort ne se résume pas à la putréfaction du corps. L’âme…

Minerve tournait autour de Katla et des enfants.

-- Tu n’as pas fait de mal à ta connaissance. Mais le concept du bien et du mal… Par exemple, tu m’as fait beaucoup de mal en choisissant d’être athée. Ne croyant pas en moi, tu ne t’en doutais pas. Mais tu m’as fait beaucoup de mal. Ton peuple aussi… Ce serait cruel de ma part de te reprocher quoi que ce soit d’ailleurs.

Minerve, agacée par les larmes et ce qu’elle prenait pour de la faiblesse féminine changea de ton.

-- Arrête de pleurer, les enfants ne comprennent pas. Ils sont bien réels…

Oh oui, ils étaient réels. Il y avait des humains et même des Nephilim parmi eux, tous en ce lieu si étrange.

-- Il existe peu d’Elohim comme moi. Je fais cela car je peux t’offrir ce que tu souhaites, tout ce que tu souhaites. Tu rêvais d’enseigner l’histoire à des enfants, non ? Je pense qu’ils apprécieront une maîtresse telle que toi. Tu ne crois pas ?

Menaces ou non ? Minerve jouait des mots et cachait volontairement ce qu’elle recherchait. Difficile pour Katla de répondre correctement à une question non posée.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 16 Novembre 2013, 16:45
par Katla Buskvej
Je relevai la tête, surprise par la question du gamin qui venait de parler de "forme sodaire", les yeux encore rougis. Rapidement, une petite choute se mit à pleurer à son tour, en demandant pourquoi je pleurais. C'était une bonne question... Le genre que seul un enfant pouvait poser. Un adulte m'aurait directement jugée d'une façon ou d'une autre, mais un enfant, lui, se sentait immédiatement triste pour moi, pleurant alors qu'il ne savait même pas pourquoi j'étais triste. Je ne savais plus quoi penser... Les chocs simultanés de cette mort brutale, de ce retour inattendu dans un corps humain, de cet endroit que je ne comprenais pas, et de ces enfants qui étaient maintenant autour de moi en train d'essayer de me consoler...

Mes sentiments faisaient le yoyo. J'étais à la fois au fond du gouffre, confuse, et terriblement touchée des actes de ces petits attroupés autour de moi. Quand une des petite me souffla que je ne devais pas être triste, je me baissai pour la prendre doucement dans mes bras en continuant de pleurer... Ce ne fut qu'après quelques instants que je parvins à me calmer un peu, entendant un bruit de chaise dans le fond. Je relevai alors mon regard vairon vers une blonde que je connaissais. Minerve... La revoilà.

- Ce n'est rien, ne t'en fais pas, répondis-je à la petite. Il m'est arrivé des choses tristes... Mais ça va aller mieux.

"La mort n'est qu'un renouveau", disait-elle... Peut-être. Comment pourrais-je le savoir ? J'étais sur un terrain inconnu, auquel je ne comprenais pas grand chose. Je ne savais même pas où j'étais. Le paradis ? L'enfer ? Son antichambre ? Autre chose ?
La déesse ajouta que je lui avais fait du mal en choisissant d'être Athée... Son raisonnement me semblait un peu limité, il y avait beaucoup d'autres éléments en jeu qu'un simple choix. Elle finit par me dire que les enfants étaient réels, et ne comprenaient pas.

Je les observai longuement, pendant qu'elle me posait cette question... Je sentais que c'était un piège, cette question. Elle ne disait pas ce qu'elle voulait. Elle s'exprimait par énigmes, je détestais ça, car j'avais une peur panique de ne pas donner la bonne réponse... Si je faisais erreur, où finirais-je encore ? Il y avait certainement des endroits bien pires que celui-là, où pouvait m'envoyer la divine blonde... Je ne répondis donc pas immédiatement, observant les enfants un par un.

Après presque une minute de silence, je finis par me relever et ouvris la porte.

- Allez, on va faire une petite pause, d'accord ? Allez jouer un moment, je reviendrai vous chercher d'ici dix minutes ou un quart d'heure.

Une fois les petits dehors, je refermai la porte et m'installai au bureau, soupirant longuement, les yeux fermés, et tentant de reprendre contenance. Chacun de mes mots pourrait signifier... j'allais dire "ma mort". Non... Probablement pire que ça encore. Les yeux dans le vague, je me mis finalement à répondre :

- Je ne voulais pas avoir cette conversation devant eux. Ils sont encore innocents... Ils n'ont pas à subir les conséquences de ce que j'ai fait. Ni à les voir. Ils feront leurs choix, j'espère que contrairement à moi ils seront heureux... Mais je ne veux pas leur polluer l'esprit.

Je tournai alors mes yeux vairon vers Minerve, avec malgré tout un air encore pensif. Je disais... Ce qu'il me passait par l'esprit. Je l'avais fait, une fois... et ça avait été une catastrophe. Je faisais peut-être une erreur. Peut-être pas.

- Au risque de passer pour une faible humaine minable, ou je ne sais quoi, je vais vous dire la vérité... Je ne sais pas ce que je veux. J'étais très intelligente, quand j'étais petite. Alors on m'a appris les sciences, toutes. Je comprenais la biologie, la physique, la chimie, l'astronomie... Et je me suis finalement retrouvée, adulte, avec toutes ces connaissances... Mais en ignorant comment être heureuse, tout simplement. Ce dont je rêve, c'est d'être enfin heureuse, mais j'ignore comment faire. Dès que quelque chose n'est pas régi par une équation contrôlable, avec des résultats mathématiques précis, je suis terrifiée. Et ce n'est pas parce que... je vous rejette, ou parce que je rejette les autres. C'est parce qu'on ne m'a rien appris d'autre. Et ce n'est pas simple, de changer après un demi-millénaire à vivre de cette manière... J'ai essayé. J'essaie encore, mais ce n'est pas simple.

Soupirant, et laissant quelques brèves secondes de pause, je repris :

- J'ai encore des choses à faire... Je dois aller voir les généraux Romains et les aider à vaincre les Kohriens. Je dois revoir Prometheus. Je dois m'assurer que la corruption quitte la politique romaine. Je dois m'assurer que les gamins pourront tous être éduqués. Je dois m'assurer que...

Je m'interrompis, affichant un petit sourire alors que je réalisais subitement quelque chose.

- Nan... Je peux pas porter le poids du monde sur mes épaules... Donc voilà la vérité : je suis qu'une humaine. Je sais que j'ai encore des choses à faire. Je ne sais juste pas précisément quoi. Je tâtonne. Je n'ai pas de plan. Je pourrais... rester ici, et enseigner l'histoire. Apprendre ce que je sais à ces gamins. Mais je ne serais jamais rassurée, car je saurai à chaque seconde que ce qu'il reste de l'humanité est en danger. Je serais coupable de n'avoir pas fait tout ce que je pouvais.

Haussant un sourcil, j'ajoutai soudainement :

- Vous aimez le non-dit... Alors j'ignore si j'ai donné la "bonne réponse" à votre question... J'imagine que le saurai vite... Mais j'ai aussi une question. Pourquoi m'avoir tuée ? Je ne pense pas que je représentais le moindre danger... Je me doute que vous aviez une raison, mais je ne sais pas laquelle.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 27 Novembre 2013, 00:15
par Minerve
Minerve chassa de la main les paroles de Katla, elle se retourna et se dirigea vers les murs de l'école. Ils devinrent transparents. Pas invisibles, mais bien transparents comme s'il devenait de verre ou de glace. Les enfants courraient et s'amusaient dans la cour. Dehors, les jeux de loups, de marelles et de balle au prisonnier s'étaient rapidement organisés.

Elle se retourna en entendant cette question. Pourquoi ? Quelle importance se dit alors Minerve. Elle avait l'esprit ailleurs. Et puis, elle réalisait qu'elle aussi se demandait pourquoi. La question de Minerve n'était pas pourquoi avoir tuée Katla, mais pourquoi Pluton la voulait pour lui. Alors, contre toute ses habitudes, elle se retourna pour regarder l'humaine et l'observer avec plus d'attention.

-- Tu as perdu tes batteries et ...

La main de Minerve balaya l'air autour d'elle et un brouillard rejoua la scène. Katla expulsait ses batteries et l'angle de vue zooma sur Votum et son pouvoir de l'ombre.

-- L'Insoumise allait te voler tes batteries, Pluton voulait une information que tu possèdes. Et avec ce vol, ils allaient faire pression pour t'inciter à accepter leur échange. Quelque soit le choix final, peu importait. Soit tu mourrais, soit Pluton avait son information. Mais...

La vidéo montra le meurtre et la lame traversant Katla. Ensuite, elle put voir l'âme être aspirée par le voleuse d'âme.

-- Désormais, je possède cette information. Pluton ne l'aura pas et ta mort ne la réduira pas au néant. Mais j'ignore toujours ce que Pluton cherche. C'est comique non, je possède l'information mais je ne la connais pas.

Minerve ignora alors Katla un moment pour regarder les enfants.

-- Tu peux vivre ici et cesse de me parler des Romains. Je suis convaincu que tu n'éprouves rien pour eux. Est-ce que je me trompe ?

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 27 Novembre 2013, 00:56
par Katla Buskvej
Minerve fit un geste négligent à mes paroles, comme si au fond ça ne l'intéressait pas... alors pourquoi diable m'avoir posé la question, au juste ? Je lui avait répondu, mais... Ma réponse ne semblait pas lui convenir. J'avais l'impression qu'elle jouait avec moi à un jeu dont je ne comprenais pas les règles, et autant dire que mon sentiment de frustration était particulièrement extrême. J'étais une pragmatique... Je ne faisais quelque chose que si c'était nécessaire, sinon je n'en voyais pas l'intérêt. Même l'art avait une fonction, celle de s'exprimer, de faire passer des concepts complexes par des allégories et des œuvres diverses...

Mais jouer aux devinettes, comme m'avait l'air de le faire la blonde... non, là je ne comprenais pas du tout l'intérêt, et ça m'énervait passablement. Néanmoins, elle répondit à ma question finale : "pourquoi m'avoir tuée ?". Et la réponse me laisse... assez surprise. J'étais surprise pour plusieurs raisons. D'abord, parce que j'étais prête à prier Pluton et l'aider autant que je le pouvais alors que son but était visiblement de me voler des informations avec l'aide de sa foutue fille androïde. Elle voulait me voler mes batteries... était-ce vrai ? Ou était-ce encore une sorte de manipulation bizarre de la déesse blonde ? Ma courte expérience avec ces créatures "divines" m'avait en tout cas appris à avoir la plus grande circonspection vis-à-vis de ce qu'ils disaient.

J'étais aussi surprise parce qu'en faisant au mieux pour ne pas être un pion, j'en étais quand même devenu un...

- J'ai donc été sacrifiée comme un pion sur un plateau d'échecs... Mieux valait que ce pion-là disparaisse pour que Pluton n'ait pas son information...

Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit rire nerveux. Mourir pour une raison aussi stupide... Oui, en fait c'était le mot.

- C'est... d'une stupidité tellement affligeante... C'est stupide. Parce que d'abord, Pluton n'avait qu'à demander s'il voulait des informations. Il a mis en place, visiblement, une sorte de... plan complètement tordu... alors qu'il suffisait de demander. Je n'ai jamais caché que je voulais répandre mes connaissances autant que possible, c'est pour ça que j'aimerais enseigner d'ailleurs... Il s'est vraiment compliqué la vie pour rien. J'affichai alors un sourire amusé. Et le plus drôle c'est que du coup il a échoué, vu que vous avez "l'information" au lieu de lui. Finement joué... Un coup de maître.

Je secouai alors la tête, soupirant.

- Je pense savoir quelle information il veut. Ève semblait obsédée par les étoiles et le voyage dans l'univers, à mon avis ils s'intéressent à l'hyperespace et au voyage hyperspatial en général. Dépasser la vitesse de la lumière est essentiel pour atteindre d'autres planètes, sinon le voyage durerait des centaines ou des milliers d'années... Mais c'est aussi impossible... Sauf en ouvrant une fenêtre sur un autre ensemble de dimensions, autres que longueur largeur et hauteur. Là, on peut contourner le problème, mais c'est complexe. Je pense que c'est ça qu'il voulait. Un moyen de dépasser la vitesse de la lumière et de conquérir les étoiles.

Ah, cette astuce... Enfin "astuce", en fait il s'agissait de plusieurs centaines d'années de recherches extrêmement complexes et avancées en physique et en astrophysique, mais ces recherches se basaient sur une bête astuce. Si on ne peut pas dépasser la vitesse de la lumière dans nos trois dimensions (longueur/largeur/hauteur), alors autant le faire dans d'autres dimensions ! L'hyperespace consistait à ouvrir une fenêtre vers un autre ensemble de 11 dimensions, dans lesquelles le fait de dépasser cette fameuse vitesse était assez simple. Une fois à destination il suffisait de rouvrir une fenêtre pour en sortir, et hop ! Toute la difficulté que nous rencontrions, dans la Citadelle, c'était l'énergie... Plus un vaisseau est massif, plus il faut d'énergie pour ouvrir une fenêtre de taille suffisante... et le rapport était exponentiel. S'il était assez facile de faire passer une sonde de la masse d'une petite moto dans l'hyperespace, faire passer un croiseur spatial demandait des milliards de fois plus d'énergie... Et nous n'avions pas réussi à trouver de solution.

Je revins en tout cas à Minerve, fronçant les sourcils avec un air curieux.

- Passons au-delà du fait qu'un dieu censé avoir CRÉÉ l'univers ignore ça... Ce qui est... bizarre, au mieux. Je ne peux pas être sûre à 100%, mais je pense que c'est ce qu'il voulait. Les autres informations que j'ai ne sont pas très utiles je pense... Des films et séries, de la musique, des livres, des recettes de cuisine, des données linguistiques et historiques, je ne vois rien qui puisse passionner un dieu.

Et subitement, les faits me frappèrent : j'avais perdu toutes ces données. Et le pire, c'était sûrement la musique. Qu'allais-je faire, sans musique ? Je deviendrais totalement folle en quelques semaines à peine...

Minerve cessa subitement de m'ignorer, pour ma parler encore des romains, ironiquement en me disant de cesser de parler des romains. Et, toujours reine de la contradiction, elle me demanda alors si je n'éprouvais rien pour les romains. Comment étais-je censée répondre à ça sans parler des romains ? Je n'aimais pas sa façon de communiquer, mais dans un sens je n'y pouvais pas grand chose. Je devrais faire avec...

- Vous vous trompez, mais pas totalement. Vous vous trompez parce que j'éprouve des choses, pour certains d'entre eux. Et vous avez raison, parce que j'éprouve des choses envers des individus. Envers le peuple romain en général... Je n'éprouve pas grand chose, en effet. Mais ce que personne ne semble comprendre c'est que je veux éprouver quelque chose. Je n'éprouve rien parce que je ne connais rien à Rome. J'aimerais connaître les romains... J'aimerais les comprendre. Mais je ne peux pas le faire en à peine un mois. Pour ça il me faudrait du temps, et être accompagnée. J'espérais trouver quelqu'un pour le faire... Quelqu'un de gentil... Qui comprendrait. Je n'ai juste pas eu le temps.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 02 Décembre 2013, 15:48
par Minerve
Minerve acquiesça à la synthèse de Katla.

-- Merci. C’est exactement cela. Je préférais que personne n’ai l’information plutôt que Pluton seul. Et puis j’ai toujours possibilité de t’en parler.

Elle l’écouta tranquillement parler de ce secret. Quel était-il. Visiblement, Katla était à mille lieux de savoir.

-- Merci de partager. Cela m’intéresse moins que lui. En tout cas, sache que l’hyperespace ne lui sert à rien. Il peut être physiquement en plusieurs endroits simultanément et la téléportation nous est aisée. Il reste le gardien des portes des Enfers, ne sous-estimons pas sa mobilité. Tu penses ce que tu veux de ce Nephilim. Pour ma part, je le sais suffisamment malin pour avoir agit volontairement de la sorte. S’il te demande une information, tu sais quelle information précise, il souhaite, non ? Prendre ton corps, prendre l’information, te rendre ton corps après avoir effacé les traces de ses recherches, voire altérer l’information me semble plus probable.

Les enfants continuaient de jouer dans la cour. Minerve écoutait le vent sifflant, raflant les feuilles le long du ruisseau, mordant les nids d’oiseaux dans les branches.

-- Je pense avoir deviné ce qu’il recherche. La question désormais est de savoir ce que je fais de l’information. Si tu es aussi altruiste que tu le prétends et que je te la demande, je l’aurai comme je peux te rendre ta musique.

Minerve prouvait par là quelle lisait sans peine les pensées de Katla. Elle se dirigea vers un buffet et l’ouvrit pour en sortir une vielle chaine-hifi. Le système, ancien pour Katla, ultra moderne pour le XXIème siècle et inconcevable pour les romains de la nouvelle Rome, diffusa alors une musique qui intrigua les enfants. Ils se rapprochèrent de la fenêtre.

-- Bien Katla. Que souhaites-tu, toi ?

Elle lui désigna les enfants d’un geste de la main, l’école de l’autre.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 02 Décembre 2013, 22:31
par Katla Buskvej
Elle sembla approuver ma "synthèse" des événements... Elle assumait visiblement très bien le fait de m'avoir sacrifiée comme un pion, ce qui montrait très clairement que c'était une GROSSE psychopathe ! Si l'on m'avait dit que les "dieux" avaient un tel mépris de la vie humaine en règle générale... Et cela me mena à une autre question. Que je poserais sûrement plus tard.

Concernant ma "déduction" sur l'hyperespace, elle ne semblait pas partager mon avis. D'après elle, Pluton n'en avait pas besoin vu qu'il pouvait se transporter immédiatement aux quatre coins de l'univers sans le moindre besoin d'une quelconque technologie. Si c'était vrai, alors le mystère s'épaississait de manière très significative... Et quoi qu'en dise la déesse, je trouvais quand même son raisonnement stupide et tordu. C'était, lui aussi, un psychopathe dangereux sans aucune empathie. Je comprenais la logique de sa stratégie, bien entendu : c'était méthodique, efficace, et tout ce que l'on voulait. Mais sa stratégie n'avait pas le moindre élément humain.
Et c'était absolument terrifiant. Ces êtres si puissants étaient vides de toute forme d'humanité... Ce qui me fit me poser une deuxième question. Que je poserais sûrement plus tard.

Minerve déclara alors avoir deviné ce qu'il voulait, ajoutant qu'elle pouvait me demander, et me rendre ma musique. Elle pouvait lire dans mon esprit ? ... bien évidemment. Au fond, si elle était bien une déesse au sens mythologique du terme, il y avait peu de choses qu'elle ne pourrait PAS faire, en fait. Ce qu'elle fit apparaître était en revanche étonnant : l'appareil semblait fait de composants électroniques, et le son avait l'air de venir de vieux caissons qui vibraient. Nous avions abandonné ce type de technologie depuis... une éternité, en fait. D'où sortait-elle cet objet ? Ce qui me fit me poser une troisième question. Que je poserais sûrement plus tard.

La chaîne hi-fi joua alors une musique familière, je pouvais même dire que ce morceau faisait partie de mes grands favoris. Ce n'était rien de délirant : plusieurs clavecins jouant des mélodies simples qui s'entrecroisaient de manière élégante. Cette mélodie m'avait toujours donné un peu d'entrain, un peu d'espoir, avait stimulé mon imagination de manière positive. Les fois où je l'écoutais, pour une fois je ne me focalisais plus sur des pensées sombres et déprimantes. Les enfants semblaient intrigués par ces bruits bizarres...

Et la blonde finit par désigner les gamins et l'école, me demandant ce que je souhaitais. C'était encore vague. Très vague. Elle était tout le temps cryptique, vague, "mystérieuse"... Ce qui me fit me poser une quatrième question. Et je décidai de poser mes questions.

- Ce que je souhaite... Avant de pouvoir vous répondre, j'ai quatre questions pour vous.

M'adossant au tableau, je penchai légèrement la tête sur le côté, examinant la créature surnaturelle qui me faisait face.

- La première... Aimez-vous faire du mal aux autres ?

Je laissai un bref silence, enchaînant.

- La deuxième... Pourquoi les Nephilim n'ont-ils pas éliminé l'humanité pour les remplacer par des androïdes serviles ?

Encore quelques secondes sans rien dire, puis la suite :

- La troisième... Où êtes-vous, en ce moment ?

La fixant toujours, je terminai :

- La quatrième... Pourquoi avons-nous cette conversation ?

Puisqu'elle aimait être énigmatique, autant faire de même. Pourtant, même si trois d'entre elles pouvaient sembler très vastes, elles avaient chacune un véritable sens. Je voulais savoir quelle était la part d'humanité chez elle, savoir si elle était capable du moindre sentiment humain. Je voulais savoir pourquoi l'humanité n'avait pas été éradiquée, vu qu'elle ne servait à rien aux Nephilim. Je voulais savoir quel était exactement cet endroit étrange, qui selon elle était "réel". Je voulais savoir où elle voulait en venir, ce qu'elle voulait précisément de moi. Pourquoi avions-nous cette conversation ? Elle m'avait sacrifiée comme un pion, elle était donc une joueuse d'échecs... Et je doutais donc fort que nous discutions ici sans aucune raison. Il y en avait nécessairement une.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 16 Décembre 2013, 21:01
par Minerve
Minerve analysa l’attitude de Katla et s’étonnait de ne pas entendre de réponses, mais de recevoir, à l’inverse, quelques questions. Quand une divinité demandait aux romains ce qu’ils souhaitaient, elle recevait un déluge de voeux ou un pieux refus. Katla était bien différente. Elle la laissa énumérer ses quatre questions, bien étranges.

-- Est-ce que j’aime faire du mal aux autres ? Tout dépend qui sont les autres, leur race, leur croyance. Mais pour répondre sans jeu de mots, oui, il y a des gens à qui j’aime faire mal.

Elle prit quelques secondes avant de répondre à la seconde question. Pourquoi ? La réponse était pourtant évidente : Pluton et Venus n’étaient pas les Nephilim les plus belliqueux et ils n’avaient pas envie d’éliminer la race humaine qu’ils aimaient sincèrement. Mais Vesta… La question restait posée. Peut-être n’osait-elle pas affronter ses frère et soeur plus puissants.

-- Je ne sais pas quoi répondre à ta question tant elle me semble cynique et pragmatique. Je me demande si le fait de vivre dans une boîte de conserve t’a privé de sentiments au point de ne pas discerner ceux des Nephilim pour la race humaine. D’ailleurs, je m’interroge sur le sens profond de ta troisième question. Je suis dans une école, face à toi, sur le mont Olympe.

Minerve entendaient toujours les enfants qui jouaient. Ils se calmaient légèrement. La déesse tourna la tête.

-- Tu as des questions, moi aussi. Nous pourrions rester sans réponses ou les poser et écouter la réponse de l’autre. J’ai préféré avoir cette conversation. Maintenant, à toi de répondre à ma question.

La déesse croisa les bras devant elle, une once d’agacement la gagnait, car elle n’aimait le sens que prenait cette conversation. Au pire, Minerve resterait sans réponse et déciderai sans connaître l’avis de l’âme qui lui faisait face.

Re: [E7] Professeur d'histoire [Katla]

MessagePosté: 16 Décembre 2013, 22:52
par Katla Buskvej
Ses réponses me donnèrent des éléments. Elle aimait faire du mal aux autres... Cela dépendait qui et pourquoi. Elle n'était visiblement pas un grand parangon de morale, et cela m'orientait sur le "souhait" qu'elle me demandait. Lui demander de faire en sorte que les humains cessent avec leur haine, cessent de se torturer et massacrer pour le pouvoir serait... Probablement vain. Je comptais lui demander, malgré tout, mais je nourrissais du coup peu d'espoirs vis-à-vis d'une éventuelle réponse positive. Pour ma part, j'avais fait du mal, mais je n'avais jamais aimé le faire. J'avais même pris part au massacre de dizaines de millions de Kohriens, ceux-là même qui attaquaient la Citadelle sans cesse... Mais à aucun moment je n'avais pris le moindre plaisir à leur tirer des sphères de plasma ardent dessus, ni à concevoir de nouveaux moyens de les éliminer plus efficacement.

Concernant la deuxième question, elle me répondit que j'étais cynique et pragmatique. C'était vrai... Mais ce n'était pas le fait d'être dans un corps métallique qui m'avait rendue ainsi. C'était l'isolement émotionnel, la sensation d'abandon, ce sentiment écrasant que personne ne m'aimerai jamais plus et que je crèverais seule. C'était ça, qui m'avait rendue ainsi.

La troisième eut une réponse assez pragmatique, ironiquement. Dans une école, face à moi, sur le mont Olympe... Cela ne m'éclairait pas sur la nature réelle de ce lieu mythique. Était-il quelque part sur Terre ? Dans une dimension différente ? Sur une autre planète ? Autre part encore ? Je n'aurais de toutes façons pas de réponse à ce sujet. Je devrais me contenter de cela : le Mont Olympe. Je réalisai d'ailleurs à ce moment-là que j'avais la chance de voir un endroit dont beaucoup de romains rêvaient. L'Olympe, demeure des Dieux... Finalement, peut-être que mourir en valait la peine.

Quant à la dernière question, la réponse fut encore assez pragmatique. Soit. Je n'aurais probablement pas donné une réponse beaucoup plus profonde que la sienne, mais c'était pourtant une question qui pouvait avoir des implications intéressante... "Pourquoi avons-nous cette conversation" ? A quoi est-ce-que tout ça peut bien servir, au fond ? En quoi pourrais-je, moi une humaine qui s'est faite assassiner par une déesse sur un vaste échiquier, changer quoi que ce soit ? Dans un sens, c'était la question que pouvait se poser chaque personne, celle de l'influence qu'il ou elle aurait sur un monde d'une taille inimaginable.

Je gardai en tout cas le silence après qu'elle ait demandé que je réponse, réfléchissant à ce que j'allais dire. En premier lieu il convenait de préciser quelque chose, mais je ne voulais pas y passer une heure afin de ne pas l'importuner plus.

- Je ne discerne pas les sentiments des Nephilim car je ne les ai jamais vraiment vus. Je n'ai vu les dieux qu'une fois dans le désert où ça a été plus spectaculaire qu'autre chose... Une autre où Pluton ne semblait intéressé que par le fait de me manipuler et par sa fille, qui n'est pas une humaine... et la dernière fois fut ma mort aussi brève qu'expéditive. Si vous me dites qu'ils en ont je veux bien vous croire, mais je ne l'ai simplement pas constaté de mes yeux.

Bien... Il était temps de répondre à cette histoire de souhait.

- Mon souhait principal serait que les violences stupides cessent. Celles liées au pouvoir, à l'argent, à la haine aveugle et imbécile... Mais il y a le libre arbitre, j'imagine... Si vous pouviez le faire, le feriez-vous ? Enfin... J'ai posé assez de questions comme ça. Ce que je souhaite... Ce que je viens de vous dire. Également, de retourner. Sur Terre. Je pourrais enseigner ici, et vivre dans l'insouciance... Mais ce n'est pas chez moi et j'ai encore des choses à faire là d'où je viens.

Je relevai alors le regard vers la blonde, ajoutant :

- J'ignore si je suis limitée dans le nombre de souhaits, donc autant y aller. Idéalement, il faudrait que je ne puisse pas être tuée. Les romains sont pour moi aussi dangereux que les Kohriens, et retourner à Rome n'aura aucun intérêt si un passant prend peur et m'abat avec son pouvoir. Ou si l'un de vos collègues divins fait la même chose que vous, d'ailleurs... Une fois Rome défendue vous pourrez faire ce que vous voulez. Retirer cette capacité, ou me re-tuer ou que sais-je... Mais je dois survivre au moins le temps que la ville soit en totale sécurité.

Je finis par soupirer, regardant les enfants par la fenêtre avec une mine perturbée. Quitter tout ça... D'ici, l'endroit paraissait idyllique. Pourquoi voulais-je retourner à Rome, où je serais encore maltraitée, détestée, où je crèverais la dalle ? Je n'en étais pas sûre. Une partie de moi pensait que c'était par humanisme. Une autre, par masochisme. D'ailleurs, je n'avais pas souhaité avoir quelqu'un qui m'aime, alors que je ne désirais rien de plus au monde. Pourquoi ? Était-ce par humilité, parce que je ne voulais pas "gâcher" un souhait précieux et le temps d'une déesse pour un souhait égoïste ? Ou était-ce parce que je me complaisais dans cette solitude étouffante et écrasante dont je souffrais depuis des centaines d'années ? Va savoir. Ce n'était probablement ni l'endroit ni le moment pour réfléchir à ça.

- J'aurais bien d'autres choses mais j'ignore si le nombre de "souhaits" que je peux formuler est limité ou non. Ah, si...! J'aimerais bien savoir ce que Pluton voulait savoir de si important. Mettre au point un plan aussi tordu alors qu'il aurait suffi de me demander... Je me demande bien ce qu'était cette information si précieuse, du coup.

Elle avait sa réponse... Et j'avais une certaine appréhension, car j'ignorais quelle serait sa réaction. Me jugerait-elle comme "faible" ? Ou "arrogante" ? Ou quelque chose d'autre de ce genre ? De toutes façons, c'était trop tard, maintenant.